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    Arrivé d'un drôle d'équipage... [libre]

    David Brighton
    Arrivé d'un drôle d'équipage... [libre] > Dim 2 Juil - 23:00:48
    David Brighton 
    Totem du Raton Laveur
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    Messages : 50
    Date d'inscription : 29/06/2017
    Age : 27
    Localisation : Angers

    Une fois convaincu par la rouquine au canasson de tout laisser pour venir ici. David avait appelé son  meilleur pote, et négocié avec lui le troc de sa vielle camionnette J9, ces machins trop cool tout rétro, contre la plupart de ses affaires, sa voiture comprise, et il avait passé la journée à entasser l’essentiel de sa vie dans la camionnette. Ou plutôt à trier, décidant de ce qu’il garderait et ne garderait pas, et de ce qui entrerait dans le véhicule… Il commença par entasser ses piles précieuses de partitions de piano… charger son vieux piano à moitié désaccordé. Ses livres de chevets, les essentiels, là aussi le tri avait été difficile... Ses papiers, ses vêtements ; et encore, pas tout, il dût en laisser une bonne partie… Un ordinateur portable ; quelques gamelles, vaisselles, ustensiles de cuisine, réchaud à gaz… linge de lit, de maison, couette… tentes deux places… Et là la camionnette fut pleine à craquer. Ça avait quelque chose de terriblement nostalgique de tout quitter brutalement comme ça, surtout de laisser sa mère derrière lui. Et en même temps c’était terriblement exaltant. Sa camionnette chargée, il savait qu’il ne laissait rien derrière lui qui lui appartienne encore… Il laissait une vie, pour aller en commencer une nouvelle, comme… comme un nouveau far-ouest, et en effet, il allait à l’Ouest. Il commençait à comprendre pourquoi sa copine du moment l’avait largué deux jours plus tôt, y’a pas de hasard… Sans ça il n’aurait jamais trouvé la force de partir comme ça si brutalement. Symboliquement, c’était aussi une façon de tourner la page. Ça piquait un peu, ça lui serrait le cœur, mais au fond, elle avait bien fait de partir. Ils n’auraient pas été tellement plus loin ensemble tous les deux, fallait pas se leurrer. Et là, du coup, il était libre… Juste au moment où il fallait l’être.
       

    Ensuite il avait roulé vers le couchant, de la musique plein les oreilles pour faire passer la pilule, et le soleil dans les yeux…  Il était parti trop vite, avant de changer d’avis. Trop tard dans la journée pour arriver à une heure décente, aussi il préféra faire halte sur un parking ce soir-là et dormir  sur son siège, quitte à se casser le dos, plutôt que d’arriver  à Toutarnec Touarnec, (même pas sûr que le GPS trouve ce machin-là) enfin leur bled-là, à 4h du matin. Si bien qu’il arriva vers 9h00 finalement, plein de courbatures, la gueule de travers d’avoir mal dormi, parce qu’en plus il avait encore fait de ces rêves à la cons, qui lui avaient gâché le sommeil… la barbe d’un jour, les vêtements défraîchis, décoiffé, la chaleur avait pas aidé en route… Pas de petit dèj pas de toilette matinale. Il roulait doucement dans une rue de ce mystérieux « village des élus » en se demandant comment il allait faire, où il allait s’installer et passer ses premières nuits… Et puis il y avait la question de l’argent, il en avait pas des tonnes d’avance. Enfin bref, il avait sa maison dans le dos, comme un escargot… le coude à la fenêtre ouverte, une clope au bec, plus pour se donner une contenance que pour réellement fumer, à rouler au pas dans une rue inconnue…    
    David Brighton
    Re: Arrivé d'un drôle d'équipage... [libre] > Lun 3 Juil - 9:31:45
    David Brighton 
    Totem du Raton Laveur
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    Date d'inscription : 29/06/2017
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    Sa camionnette hors d’âge pétarade, grince, fait des « Reuuuh… Reuuuhhh… » trainant dans son sillage un nuage d’échappement âcre, de fuel mal brûlé, de carburateur mal réglé… ça fait tâche dans le paysage. Ça fait au moins 15 ans qu’un diesel à plus le droit de polluer autant. Mais elle a bien plus de 15 ans sa guimbarde. Elle a peut-être bien son âge ? Plus même… De temps en temps, elle tousse d’ailleurs, et recrache un gros nuage noir,qui s'en va polluer l’atmosphère… Ni discret, ni agréable… ça lui fait comme l’impression de débarquer avec ses pataugas pleines de boue sur le tapis du salon chez mémé. Il décide de l’abandonner provisoirement là, et de continuer sa visite à pieds. Il se gare à la première place libre… Teuf teuf teuf….. teuf… pshhhh… Enfin la bête s’est tû. Silence bienvenu. La ferraille chaude a quelques « ting » de refroidissement, il sent encore les vibrations de la machine dans tout son corps, et la chaleur du moteur sous ses pieds. Il tire la vitre, puis s’extirpe de son tape-cul aux ressorts usés. Ouch… mal aux fesses, au dos. La poignée grince, Il en coulisse et ferme la portière, Vrrrr... Klonk ! Ces boîtes en ferraille-là font pas le bruit feutré des voitures d’aujourd’hui. La ferraille refroidit. Elle a bien roulé la vieille, malgré son âge canonique, avalé l’asphalte dans sa gueule triste, en ronflant à le rendre sourd.. Si c’était pas que de la ferraille, elle aurait droit à une caresse, et mériterait sa gratitude. On sent qu’elle dû faire des efforts pour arriver jusqu’ici. Tirer sur ses courroies, fatiguer ses pistons, secouer sa vieille carcasse rouillée.

    Les jambes un peu arquées du cow-boy qu’a trop chevauché dans la même journée, les manches de sa chemise blanche retroussées-pliées, la veste sur l’épaule, la frange défaite et la clope au bec, il remonte la rue, d’un pas chaloupé… Il force un poil le trait de l’aventurier fatigué. C’est pas tous les jours « qu’on a tout quitté ». Il se sent un peu héroïque quand même pour le coup. Il s’en faudrait pas tant que ça pour que sa sérénité affichée se change en panique d'ailleurs. Il est pas idiot, il le sait... Le calme est bienvenu… juste la rue d’un village au matin, au ciel azur limpide, strié par les cris des hirondelles des fenêtres. Ouais, ici c’est pas des martinets tiens, y’a des ventres blancs et des gorges rouges, ce sont bien des hirondelles de fenêtre. Dans les nids nombreux sous les gouttières et dans les granges ça réclame sa pitance à grands « pchiii ! Pchiii ! » la gueule grande ouverte… ça sent la vache et le moteur de tracteur qui refroidit à l’ombre des granges. De temps en temps un cri de coq retentit au loin, ou le caquètement d’une poule fière d’avoir pondu son œuf du jour. Y’a pas de doute, on est bien à la campagne, mais avec prime des goélands dans ciel, et cette odeur iodée d’algues et d’embruns salés qui vous vient de la mer et vous agite les mèches du front.

    Il se repaire au clocher… y’a toujours une église, voire deux en Bretagne. Avec son clocher tout en pierre, pour résister aux tempêtes et aux siècles. Habillé comme il est, on va tout de suite voir « qu’il est de la ville », en tout cas le penser. C’est pourtant pas si vrai. Il cherche les commerces… Doit bien y avoir un bistrot… avec sa terrasse sur la place du village… une épicerie déjà ouverte où s’acheter un petit dèj ? Et la jolie rousse au canasson ? Elle est quelque part dans ce bled ? Elle a eu le temps de parcourir la distance sur son bourrin ? Faut dire qu'il aimerait croiser un visage connu. Ça le rassurerait. Il sait que c’est impossible, sauf si c’est elle qu’il croise. Comment c’était son nom déjà ? Nath quelque chose, mais pas Nathalie… C’eut été trop facile, hé hé hé… Bah, y’a peu de chance, il aurait fallu qu’elle cavale sacrément pour voyager aussi vite que lui dans sa camionnette. Enfin non, elle a eu un jour de rab, le temps qu’il règle ses affaires à Angers pour « tout quitter ».

    "Tout quitter"… Bon sang ce que cette fichue phrase fait un drôle d'effet dans le bide. Ça chatouille, ça fait battre un peu le cœur quand même.

    **Panique-pas mon grand, t’en a vu d’autres…**

    Il se rapproche de la place…

    ** Et puis tant que t’as ton piano et tes partoches, qu’est-ce que tu veux qu’il t’arrive ? **

    C’est ça, y’a l’air d’y avoir un bistrot par là… la terrasse est sortie. Y’a pas grand monde. Les piafs font un sacré raffut dans l’ombre des feuillages des grands platanes.

    ** Oublie pas de sourire… je sais que tu souris en dedans dès que tu croise un être vivant, mais si ça se voit pas au dehors, ça sert un peu à rien. Enfin si ça sert, mais y’a que son cœur qui peut le voir. Et encore, seulement s’il est vivant, et les coeurs vivants, chez tes semblables, tu sais combien c’est rare… T'inquiète-pas, ça va bien se passer. **

    (suite au bar ICI)