Recherche Appartement ou Maison

Maman :



Je reposai mon téléphone sous mon lit clic-clac. Je lui répondrai plus tard. Demain, si j'ai le courage.

La journée avait été démoralisante.
J'étais arrivé en Bretagne depuis une ou deux semaines. Quelle foutue idée.
J’étais éperdument seul, plus que jamais, et puis j’avais peur quand je sortais de chez moi, quand je marchais dans la rue et même quand je devais croiser le regard d’un inconnu.
Et mon appart' ! Mon appart' ! Sous un bar de métalleux ouvert jusqu'à 5 heures du mat'. Je n'ai même pas d'isolation phonique. Et puis je ne sais même pas si je pourrais reprendre la fac cette année...

Je me roulai en boule dans ma couverture.

Je n'avais signé que pour un mois, heureusement. Demain, je vais me trouver un autre appart'. Allez. Avec un peu de chance j'en trouverai un vite et je n'aurai pas besoin de renouveler le contrat pour encore un mois. L'espoir fait vivre hein.
Et je vais devoir me trouver un job aussi. Mes parents m'aident encore à payer le loyer, mais ils vont pas le faire pendant toute ma vie... Brrrh, journée de merde.

Je posai l'ordinateur devant moi et commençai déjà à m'atteler aux recherches.


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Je ne savais pas comment j'avais fait, mais j'avais trouvé des choses abordables - enfin une et une autre où c'était plus délicat... - . J'avais appelé et réussi à me caler une visite deux jours après. J'étais au pied de la porte. La boule au ventre.


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La visite c'était plutôt mal passée... Je crois que la proprio m'a pris soit pour un type hyper hautain, soit pour un névrosé ou un asocial, à force d'éviter de lui répondre, de frotter mes doigts nerveux entre eux et de rougir à chaque fois qu'elle me regardait. Bref, c'était mort.
Il me restait l'autre visite, dans une heure. Le loyer était pas excessif, mais déjà trop pour moi. Mais il plaisait bien sur les photos, il m'attirait et juste par curiosité j'avais pris rendez-vous.

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J'arrivai devant l'immeuble. Tout ce gris m'empoignait le cœur. Je ne pensais pas que l'immeuble était aussi dégueu vu de l'extérieur. De toute façon c'était juste pour regarder l'appart.
J'entrai. L'intérieur était assez bien pour un immeuble.
Je pris les escaliers avec le pas hésitant. Il fallait que cette fois je me contrôle. Inspire, expire.
J'étais devant la porte. Ma gorge de serra. Je commençai à trembloter. Je posai mes doigts sur la sonnette. Je n'appuyais pas. Je pouvais pas. Je n'avais pas la force de frapper pour m'humilier encore aujourd'hui.
J'essuyai mes yeux avec le revers de ma main gauche. Je tournai les talons.
Pour une autre fois.

Alcide avait trouvé un appartement assez facilement, après tout, il était à l’aise avec les gens pour peu qu’ils ne veuillent pas l’arnaquer. Et l’état de son compte en banque lui facilitait assez la tâche. Mais un fois qu’il eut acheté de quoi meublé au minimum l’endroit, et aussi investit dans quelques appareils de soudage, modelage et ponçage… Il trouva l’endroit bien vide. Du coup, il lâcha une petite annonce pour un colocataire, pour le tiers du loyer réel, il s’arrangerait et ça profitera peut-être à quelqu’un n’ayant pas les moyens. La cuisine aménagée étant presque vide, en prévision des visites, Alcide avait fait de vraies courses, pour changer, et avait même acheté une cafetière et une théière, juste au cas où. Il en avait trouvé une avec des Titis dessus et l’avait trouvée fun en plus !

Enfin bon, y’avait une visite dans une heure et Alcide tournait en rond dans l’appart, impatient. Il ne savait pas trop comment serait la personne, mais il sentait qu’il allait bien l’aimer. Et puis, il n’avait pas envie de sortir de quoi commencer une création s’il devait s’arrêter avant de l’avoir finie… Une heure ou moins, ce n’était pas suffisant. C’est là qu’il aurait aimé être dans ce rêve qu’il avait fait l’autre jour… Où tout lui venait préfait mais modifiable. C’était tellement le rêve ! Il s’ennuyait trop. Il chopa son manteau qui pendait à une chaise et l’enfila en sortant de l’appartement, sans fermer à clé.

Il se balada d’un pas énergique dans toute la ville, content du temps : gris mais non pluvieux, et puis il faisait bon. Tout l’inverse de ce qu’il avait toujours cru sur la Bretagne même si c’était gris. C’était pas une région où il venait souvent mais c’était agréable de changer d’air. En fait il n’était jamais vraiment venu en Bretagne, mais Micka était venu s’installer ici, c’était toujours une bonne excuse pour passer du temps avec son ami.

Il revint, les mains dans les poches et arriva au moment où un jeune homme semblait abandonner l’idée qu’on lui ouvre. Alcide sauta sur le palier et lui sourit.

« Désolé pour le retard ! Vous venez pour l’appart ! Entrez ! C’est ouvert, j’étais juste sorti prendre l’air. Comment allez-vous ? Vous avez l’air tout pâle ! »

Alcide entra devant le jeune homme et lui tint la porte avec un sourire que les gens trouvaient contagieux.

« Je vais faire quelque chose de chaud, vous semblez pas bien. Un thé, un café ? Faites pas attention à la théière, c’est juste que je l’ai trouvée fun. J’espère que vous aimez le salon, c’est pas très bien meublé pour le moment, et j’ai mes affaires de boulots qui prennent de la place. Je comptais fabriquer quelques étagères prochainement, vous aimez le fait main ? Moi je préfère, c’est pour ça que j’ai à peine acheté un canapé et des chaises. Fallait bien pouvoir s’asseoir au bar, là. » dit-il en désignant le bar incorporé à la cuisine aménagée.

Il sourit et servit la boisson dans un mug « Keep calm and take a banana » qu’il avait trouvé dans le supermarché du coin.

« Buvez, respirez, et je vous ferais visiter. » lança-t-il tout souriant en allant chercher son bout de pâte à modeler blanche qu’il utilisait pour faire certaines maquettes de bijoux. Il avait besoin de manipuler quelque chose.

Je sursautai ! Un homme était devant moi. Je ne l'avais pas vu arriver.
C'était donc le proprio ? Mon instinct - très jugeur - s'éveilla en le détaillant du regard.
Il avait un visage très serein, détaché et décontracté. Ses plis sur son visage étaient rares mais il m'inspirait une certaine détermination ou sévérité. Et ses mains. Ses mains étaient... waw... c'était des mains d'artiste, des mains innocentes, des mains d'enfant. Il me plaisait beaucoup.

« Désolé pour le retard ! Vous venez pour l’appart ! Entrez ! C’est ouvert, j’étais juste sorti prendre l’air. Comment allez-vous ? Vous avez l’air tout pâle ! »

En entendant sa voix, j'ai compris. Il était beaucoup trop différent de moi, beaucoup trop gentil et sociable. Il était inaccessible. Nous ne nous entendrions pas, je pense. Il dégage une aura animale. Certaines personnes dégagent ça, un charisme fort, ou parfois tendre. Malheureusement, ça m'impressionne beaucoup trop pour que je puisse être plus "moi". Mais j'ai bien envie de le côtoyer pour quelques minutes. Ne sait-on jamais.
Ça recommence, je parle beaucoup trop et j'oublie de lui répondre.

" Euh... Oui, oui ! Je viens pour l’appartement. Oui, excusez-moi, je suis malade. Mais ne vous inquiétez pas, tout va bien ! "

Je rougis légèrement. D'un part parce qu'il me vouvoyait, de l'autre parce que j'avais menti. Je n'étais absolument pas malade, me mieux vaut faire semblant pour excuser ma conduite.

Il me tint la porte pour que j'entre, ce que je fis en lui adressant un sourire un peu forcé mais pas trop non plus.

« Je vais faire quelque chose de chaud, vous semblez pas bien. Un thé, un café ? Faites pas attention à la théière, c’est juste que je l’ai trouvée fun. J’espère que vous aimez le salon, c’est pas très bien meublé pour le moment, et j’ai mes affaires de boulots qui prennent de la place. Je comptais fabriquer quelques étagères prochainement, vous aimez le fait main ? Moi je préfère, c’est pour ça que j’ai à peine acheté un canapé et des chaises. Fallait bien pouvoir s’asseoir au bar, là. »

L'appart' était magnifiquement grand, il y avait de l'espace - même peut-être un peu trop - et waw quoi !
Je fis semblant d'écouter attentivement ce qu'il me disait et hochai quelques fois la tête, fit la mine très intéressé pour qu'il ne se sente pas trop seul. Mais sous mon masque de personne polie et sérieuse, quelque chose me chiffonnait. C'était absolument pas l'appart' que j'avais vu sur les photos. Avec la chance que j'avais, j'avais sans doute dû me tromper d'endroit... D'après deux trois mots que j'avais repéré dans son discours, je pouvais en déduire que c'était pas un appartement à louer. Enfin si, mais bien pire. C'était une coloc'.
Au fond de moi j'en avais très très très envie, pour pouvoir tenter de me sociabiliser, avoir au moins quelqu'un sur qui je peux compter ici, mais dans le fond, vu mon caractère y'avait aucune chance que ça se passe comme ça.

Il me tendit un mug, je n'avais pas soif mais je n'osais pas refuser. Je lui souris de bon cœur en marmonnant un " Merci " timide et but une gorgée. Brrrrrrrrrrrrrrrrrrrrh !
C'était dégueulasse ! Je ne sais pas ce que c'était mais rien que l'odeur me donna des haut-le-cœur alors je vous laisse imaginer le goût ! Heureusement j'avais été discret, il ne semblait pas avoir vu !

" Merci beaucoup, ça fait du bien ! mentis-je. Nous pouvons continuer ! Je vous suis ! "

Il fallait que je lui dise que je m'étais trompé d'adresse ! Allez ! Courage !

"J-Je... Je... Euh... J'ai tellement regarder d'annonce d'appartement que j'ai la tête un peu embrouillée, c'est pour un coloc', c'est ça ? "

Bon, je n'avais pas du tout demander ce que je voulais demander, mais c'était déjà un début. Avec un peu de chance il allait cracher quelques infos qui m'aideraient ! Mais m'aider à quoi ? L'appart' doit être trop cher de toute façon.

HRP:

Il regardait un peu ailleurs, semblait plonger dans ses pensées, il revint sur terre quand le jeune homme posa sa tasse sur le pan de travail. Il sourit.

« Moi, c’est Alcide en fait, mais appelle-moi Al. Pour tout te dire, j’ai trouvé cet appart un peu par hasard, je me suis dit que ce serait parfait mais en fait, je le trouve trop vide alors j’ai posté l’annonce pour une colloc, je connais pas grand monde dans le coin mais j’aime bien quand y’a de la vie, même un minimum… Et puis je pense qu’une fois que j’aurai mon atelier, je serais souvent absent. Donc c’est bien ? »

Il sauta sur ses pieds et guida le jeune homme vers la première pièce, la plus vide de toutes en fait.

« Ici, ça pourra être ta chambre. C’est assez clair, je la trouvais plutôt pas mal mais, je sais pas, j’espère que ça t’ira ! »

Il partait du principe que l’appart allait aller au garçon et qu’ils seraient bientôt collocs, pour le meilleur et pour le pire. Mais surtout le meilleur. Il avait hésité à préciser au jeune homme qu’il avait l’intention de carrément acheter l’appart parce que c’était plus pratique pour l’aménager (selon sa notion de l’aménagement) mais voilà. De toute manière, ça tenait quand même le deal d’un tiers du loyer. Il n’avait pas besoin de faire suer sang et eau à son futur colloc, il avait assez d’argent dans assez de comptes pour que ça tienne. Et il s’en fichait tellement de l’argent en vrai… Il passa dans le couloir et ouvrit une autre porte.

« Voilà la Salle de bain ! »

Il n’attendit pas vraiment que l’autre regarde qu’il allait dans la pièce d’en face.

« Ici ce sera un peu le débarras je pense : bureau, penderie, on en fera ce qu’on en voudra ! »

Il ouvrit la dernière porte.

« Et ici, c’est ma chambre ! »

Un matelas trônait au milieu, posé sur un simple sommier, un peu cheap, une table de chevet à sa droite et une penderie en tissu blanc cassé.

« Je compte me faire un vrai beau sommier en palettes, si ça te tente, j’en ferais deux ! »

Ça le dérangeait pas, il avait plein d’idées pour ça ! Il retourna dans la pièce principale.

« Voilà ! » s’exclama-t-il. « L’appartement fait environ quatre-vingt mètres carrés en tout, et le loyer n’est pas trop cher. En fait comme j’ai juste envie d’un peu de compagnie et tout, ben je paierais les deux tiers du loyer. Selon tes moyens, je peux même payer plus, on s’arrange, ça me dérange pas. L’argent n’est un problème pour moi dans l’immédiat, donc voilà. »

Il lui fit un grand sourire et s’installa de nouveau sur une des chaises du bar.

« Je préviens d’avance que je suis un peu lunatique sur les bords selon mes amis. Hum… y’en a qui disent excentrique, bref. Ca pourra arriver qu’il y ait des jours où je serais tellement dans mon monde que je causerai pas et d’autres où je ferais tellement de bordel à tout bouger dans l’appart que ça sera insupportable pour toi, je m’en excuse d’avance. Mais en général pour le deuxième cas… J’aurais tendance à me rendre dans mon atelier. »

Il lui tira la langue avec bonhommie.

« Puis de toute façon quand je crée je suis pas très causant. »

Il posa ses mains sur ses hanches.

« Alors qu’en penses-tu ? » lança-t-il avec un sourire éclatant.

Il était sûr que le jeune homme avait des questions mais il allait attendre bien sagement qu’il les lui pose ! Voilà ! Lui laisser le temps de parler est une bonne tactique !

HRP:

« Moi, c’est Alcide en fait, mais appelle-moi Al. Pour tout te dire, j’ai trouvé cet appart un peu par hasard, je me suis dit que ce serait parfait mais en fait, je le trouve trop vide alors j’ai posté l’annonce pour une coloc, je connais pas grand monde dans le coin mais j’aime bien quand y’a de la vie, même un minimum… Et puis je pense qu’une fois que j’aurai mon atelier, je serais souvent absent. Donc c’est bien ?

- C'est génial ! T'es artiste ! dis-je en regardant dans tous les coins la pièce. Faut absolument que tu me montres ce que tu fais ! J'adorerai voir un peu comment tu travailles ! Si ça ne te dérange pas ! Bien sûr je serais discret et puis... »

Choqué, mes mots s'estompèrent. Ils étaient sorti tout seul. Je lui avais vraiment parlé. Sans vraiment réfléchir à ce que j'allais dire. J'avais été naturel. Même si j'avais un peu honte d'avoir peut-être été un peu J'étais vraiment content de moi et c'était incroyable que j'avais pu être naturel avec lui ! Mais je me sentais très déboussolé et perdu... Comme si ce n'était pas vraiment moi qui avait parlé... Enfin si... Mais c'est compliqué à expliquer. Mais c'est vrai que j'aimais beaucoup les artistes, ça me passionnait, j'aurais bien voulu en être un aussi, je ne sais pas dans quel domaine, mais je suis sûr que j'aurai été bon dans celui que j'aurais choisi. Mais j'ai pas réussi à imposer mes envies à mes parents, de peur qu'ils me disent que ça ne soit pas un métier stable, même si je savais qu'ils ne seraient pas contre. Et...
...
Ah oui, faut que je termine ma phrase.

« ... non rien ! Tu... On continue la visite ? Ah ! et moi c'est Paul, enchanté !  »

Je me retournai pour voir sa réaction. Il était déjà parti pour me faire visiter la première pièce... Il n'avait même pas entendu mon exploit... La loose...

« Ici, ça pourra être ta chambre. C’est assez clair, je la trouvais plutôt pas mal mais, je sais pas, j’espère que ça t’ira ! »

C'était... grand... même chez mes parents, je n'avais jamais eu d'espace aussi grand - bon j'avais eu de très petites chambres -. J'oscillai entre émerveillement et angoisse. C'était peut-être trop grand pour moi. Mais bon, je vais pas m'en plaindre !

J'allais répondre quand je remarquai qu'Alcide était déjà parti pour me faire visiter une autre pièce (sans moi apparemment). J'hâtai le pas pour le rejoindre.

« ...bain ! »

A peine j'arrivai près de lui qu'il reparti. Bon j'avais raté la salle de bain apparemment mais je l'avais rattrapé, c'était le principal.
En y pensant, je crois bien qu'il se shootait à la caféine. Si ça se trouve, c'est un toxico...

« Ici ce sera un peu le débarras je pense : bureau, penderie, on en fera ce qu’on en voudra ! »

... Mais il a pas une tête à se droguer. Enfin si, mais ce serait trop évident...

« Et ici, c’est ma chambre ! »

... Peut-être pour ça qu'il est passé si vite pour sa salle de bain, elle est remplit de seringue et d'autres trucs...

« Je compte me faire un vrai beau sommier en palettes, si ça te tente, j’en ferais deux ! »

... Peut-être pour ça aussi qu'il veut un coloc', pour arrêter de se piquer... Pour que je l'en empêche... Il est vraiment tombé sur le mauvais gars... Puis franchement...

« Voilà ! » s’exclama-t-il. « L’appartement fait environ quatre-vingt mètres carrés en tout, et le loyer n’est pas trop cher. En fait comme j’ai juste envie d’un peu de compagnie et tout, ... »

Vu comme je suis je serais capable de me faire embarquer dans son délire par lui... Mais non, je dis n'importe quoi, j'ai quand même de la volonté ! Attend Paul... Il te parlait depuis tout à l'heure là ? Non ?!

« ... ben je paierais les deux tiers du loyer. Selon tes moyens, je peux même payer plus, on s’arrange, ça me dérange pas. L’argent n’est un problème pour moi dans l’immédiat, donc voilà.

- D'accord, répondis-je en hochant la tête et en lui adressant un beau sourire »

Alcide, d'ailleurs je trouve ce prénom génial et très classe, s'installa au bar. Je le suivis et m'essaya à mon tour. Il commença une nouvelle tirade.

« Je préviens d’avance que je suis un peu lunatique sur les bords selon mes amis. Hum… y’en a qui disent excentrique, bref. Çà pourra arriver qu’il y ait des jours où je serais tellement dans mon monde que je causerai pas et d’autres où je ferais tellement de bordel à tout bouger dans l’appart que ça sera insupportable pour toi, je m’en excuse d’avance. Mais en général pour le deuxième cas… J’aurais tendance à me rendre dans mon atelier. Puis de toute façon quand je crée je suis pas très causant. Alors qu’en penses-tu ? »

Beaucoup trop d'information dans mon cerveau, je bug un peu. Être en coloc avec un toxico artiste... Hmm...

« Euh... ça me tente bien ! bafouillai-je. Ensuite... L'appart est génial et tout... Puis que tu sois comme tu es me dérange pas, moi aussi je peux paraître assez renfermé et tout... Et des jours où je suis complètement muet... Puis... euh... Mais ce serait un plaisir de faire coloc avec toi, Alcide, me repris-je, et je ferai de mon mieux pour que ça se passe bien ! »

Bon, j'avais merdé complètement. Bon je m'étais repris un peu sur la fin mais c'était mort quand même. Humilier deux fois. Je pourrais être anéanti quand il m'aura déposer sur le pallier, là je dois encore faire bonne figure pour ne pas aggraver les choses plus qu'elles ne le sont. J'avais des milliers de questions, mais je ne l'avais écouté qu'à moitié, je devais pas faire de gaffe. Mais il y en avait une, tout particulièrement que je devais poser...

« Alcide ? Tu crées quoi avec tes mains ? J'aimerai beaucoup voir... si ça ne te dérange pas, hein... ? »

La question était posée très maladroitement, mais je n'avais pas vraiment l'habitude de demander ce genre de chose alors je ne savais pas trop comment m'y prendre. Mais c'était dit et c'était le principal, vu que j'allais sans aucun doute pas être pris en tant que coloc...

Il était content, le garçon se détendait parfois, alors il fallait qu’il lui laisse le temps de se remettre à parler. Et c’était bien ! Parce que ça fonctionnait ! Il se souviendrait de cette méthode pour les prochains mois s’il restait. Et ce serait bien qu’il reste parce qu’il plaisait à Alcide, d’une manière impossible à expliquer. Mais Alcide était ce qu’il était et il était de nature impatiente, sauf avec les gemmes et le métal. Alors en fait, ben, il avait écouté mais avait commencé sa visite en même temps, inconscient de ce qu’il manquait.

Il semblait d’accord avec le deal pour le loyer. Alcide en était content, car c’était déjà un premier de pas de fait. Il sauta sur ses pieds et pris le garçon dans ses bras, brièvement, juste pour conclure le deal.

« Tant mieux si t’es enthousiasme ! Je suis persuadé qu’on va bien s’amuser ! » Il regarda la tasse à moitié bue. « Ah… Euh, oui, j’ai des problèmes avec la cuisine en général, je me débrouille mais mes amis disent que ce n’est mangeable que pour moi. Peut-être que j’expérimente trop ? C’est dommage, tu n’aimes pas le paprika dans le café ? Donc mauvaise idée, j’essaierais une autre épice la prochaine fois. »

Il lui sourit jusqu’aux oreilles. Et ce sourire s’agrandit lorsque le garçon lui demanda de voir ses créations ! Mais oui ! C’était bien ! Peut-être qu’il pourra m’aider ! Les nouvelles idées c’est toujours bien ! Changer les formes et les couleurs en fonction de d’autres gouts que le sien propre ! Ouai !

Il sautilla un peu partout dans l’appart, récupérant des petites boites à bijoux, des Tupperware hermétiquement fermé et même un sac plastique.

« Je suis bijoutier ! » s’exclama-t-il en se réinstallant d’un bond sur sa chaise. « J’aime bien faire des choses nouvelles. Je te préviens… » commença-t-il d’un air plus sérieux. « … ce que je fais ne plait pas forcément. Les gens ne pigent pas ce que je fais sur le moment, je sais pas pourquoi… c’est un peu chiant mais bon, je fais quand même ce que j’aime donc je m’en fiche. »

Il ouvrit une boite où trônait un collier en or noir de forme triangulaire, il était légèrement arrondi au niveau d’un coin pour le confort du porteur, le métal était fin mais orienté de manière à tenir la forme. Des petits grenats mélangés à des diamants étaient répartis sur le côté du bas. Sur les pointes se tenaient des topazes jaunes de la taille d’un ongle. Alcide adorait l’idée, il était dans sa période forme géométriques lorsqu’il avait réalisé cette œuvre mais Jacowbski n’en avait pas voulu. Alcide savait qu’il s’en mordrait les doigts plus tard. En fait il avait pour l’instant surtout avec lui ses œuvres géométriques. Il déballa tout, sans préciosité, directement sur le bois du bar, faisant juste un peu attention à ce qu’il n’y ait pas de chocs brutaux.

« Ça te plait ? » demanda-t-il en brandissant une bague en argent croisé de bronze orné d’une fluorite en forme d’œuf. Il lui fit un sourire enthousiaste.

Alcide détala comme un lapin puis revint les bras chargés de boîtes et d'un sac.

« Je suis bijoutier ! »

Il étala sur le bar ses œuvres puis Alcide se réinstalla d'un bond sur sa chaise, les yeux pétillants. Bijoutier ? J'imaginais pas les bijoutiers comme ça. Je m'imaginais plus des gens un peu coincé qui se contente de prendre un caillou qui brille et de le mettre sur du métal froid. Alcide avait pas l'air comme ça.

« J’aime bien faire des choses nouvelles. Je te préviens… ce que je fais ne plait pas forcément. Les gens ne pigent pas ce que je fais sur le moment, je sais pas pourquoi… c’est un peu chiant mais bon, je fais quand même ce que j’aime donc je m’en fiche. »

J'hochai la tête. Il avait trouvé un métier qui lui plaisait, c'est rare. Je pourrai peut-être devenir bijoutier moi aussi... Vu que ça risque d'être coton-coton de rejoindre en cours de route la fac d'ici, puis continuer à Caen... C'était pas hyper loin mais j'ai un peu la flemme quand même... Arrête de réfléchir, tu sais très bien que bijoutier c'est pas pour toi. Je le regardai pour avoir la permission de les toucher. Sans qu'il est besoin d'une réponse, je devinai que oui.

Je commençai à les toucher, sentir leurs contacts dans mes mains. Pour moi ce n'était que des cailloux, mais c'est joli les cailloux, surtout les siens. Certains me plaisent, d'autres moins, mais on sent qu'il y a vraiment de l'amour et de la passion qui coule à travers le métal. J'aurai bien aimé les faire glisser sur le bois, mais ça risquerait de les rayer...

Alors que je trifouillais avec les cailloux, j'entendis un tout petit clapotis familier. La grisaille l'avait emporté ; il pleuvait un tout petit peu, juste assez pour l'entendre en tendant bien l'oreille. Je... Je...

« Ça te plait ? » me demanda Alcide avec un enthousiasme prononcé.

J'hochai une nouvelle fois la tête avec un grand sourire et un tout petit " oui " en fond.

Je sentis quelque chose enveloppait mon corps, quelque chose que je connaissais bien ; Réalité.
J'avais froid, et je me sentais abattu alors que je n'avais aucune raison de l'être. J'avais envie de pleurer, pleurer tout, mon âme, mes peurs, mon sang, mes faiblesses, mes forces... Un gros coup de blues, qui ne m'arrivait pas si souvent que ça.
Je ne laissais rien paraître sur mes traits de visage. Alcide était génial, il n'y avait aucun doute. Un peu bizarre mais génial. Je le savais. Mais il était aussi si... impressionnant ? Si mieux que moi, tout en mieux. Et, j'ai peur. Peur de lui, peur de cet appart, peur de cet immeuble, peur de dehors.

La ferme Paul.

Réalité glisse sur mon corps et s'enfuit en suivant la plinthe des murs et les rares meubles puis se faufila à travers le trou invisible de la fenêtre. Je me repris.
C'est vrai qu'il était mieux que moi, et ? Rien.
Après ce petit coup de mou, je dois prendre la parole.

« Désolé Alcide, je crois que je vais devoir y aller... commençais-je sans trop oser, j'aurai... aimé en apprendre plus mais ce serait peut-être pour une autre fois ! Tiens je te donne mon numéro si jamais tu es intéressé... »

Je pris un tract qui traînait sur sur le bar. Pour un salon de thé, "Chez Rose" et commençai à recopier mon numéro que j'avais préalablement écrit sur ma main avec un stylo qui traînait dans ma poche. Peut-être qu'il en avait besoin... Mais je n'avais pas oser lui demander un papier.

Alcide ne savait pas quoi faire, alors il se contenta de regarder Paul regarder ses œuvres. Il se sentait fier comme un paon et content que ça plaise au moins un peu au jeune homme en face de lui. Il pencha la tête, intrigué lorsqu’il vit le garçon se raidir et sembler un peu ailleurs. Moins lumineux. Alcide se sentit triste qu’il redevienne aussi tristounet qu’au début de l’entrevue. Il pinça les lèvres en le fixant, ne sachant pas trop quoi faire.

Paul lui donna son numéro, Alcide le glissa dans une poche de sa salopette et fit naturellement un câlin au jeune homme.

« Tu sais, t’es le deuxième à visiter l’appart et t’es le premier que j’ai bien alors s’teupl. J’suis sûr que t’adore l’endroit, je l’ai vu, reste pas sur des a priori et prend le temps de réfléchir. C’t’endroit c’est tout bénef pour des étudiants comme toi, crois-moi. Alors la bises et le plaisir. J’suis sûr qu’on va se revoir, je t’appelle dans deux jours ! Et on se renseignera pour signer le bail si tu veux ! » lança-t-il le plus naturellement du monde.

Il raccompagna Paul jusqu’à la porte en gardant le sourire.

« Mais N’oublie pas de réfléchir, hein ! Et pas en mode raisonnable, vis un peu, j’ai la sensation que t’es un peu trop enfermé dans tes impressions plutôt que dans le monde. Faut savoir être optimiste ! Si je l’avais pas été j’aurais jamais réussi à avoir un boulot que j’aime ! »

Il lui donna une petite tape amicale dans l’épaule en se demandant d’où il sortait des conneries pareilles. Il haussa les épaules intérieurement, il s’en fichait, il le disait, point.

Alors que je lui donnais mon numéro, il s'approchait dangereusement vers moi et me prit dans ses bras.
Je ne savais pas trop quoi faire, l'intention était là mais je n'aimais pas faire des câlins, enfin si, mais... ça me mettait très mal à l'aise. Je posais mes mains timidement sur les épaules aussi mais j'évitais quand même un maximum de contact au niveau du torse et de la tête aussi.

« Tu sais, t’es le deuxième à visiter l’appart et t’es le premier que j’ai bien alors s’teupl. J’suis sûr que t’adore l’endroit, je l’ai vu, reste pas sur des a priori et prend le temps de réfléchir. C’t’endroit c’est tout bénef pour des étudiants comme toi, crois-moi. Alors la bises et le plaisir. J’suis sûr qu’on va se revoir, je t’appelle dans deux jours ! Et on se renseignera pour signer le bail si tu veux ! »

J'étais un peu décontenancé parce ce qu'il venait de me lancer. Je pensais avoir foiré. Puis le passage de l'étudiant m'avait rappelé que je ne l'étais plus tout à fait, j'avais encore des choses à régler pour pouvoir étudier ici. En attendant, je n'étais plus aller étudier à Caen, ni ailleurs. J'irais peut-être avant la fin du mois malgré mes quelques semaines de retard. Mais bon, avec un possible appart' potable, je pouvais déjà rayer un problème de ma longue liste et plus m'y concentré sur cette affaire d'étude. Bref, Alcide me raccompagna à la porte avec son sourire charmeur.

« Mais N’oublie pas de réfléchir, hein ! Et pas en mode raisonnable, vis un peu, j’ai la sensation que t’es un peu trop enfermé dans tes impressions plutôt que dans le monde. Faut savoir être optimiste ! Si je l’avais pas été j’aurais jamais réussi à avoir un boulot que j’aime ! »

Cette petite pique m'a un peu beaucoup déplut sur le coup. Dans le fond il avait raison, même si je me trouve pas hyper pessimiste non plus, mais dans la forme, c'était mes problèmes et que moi pouvait m'en parler et surtout me faire la morale. Mais bon, j'étais sans doute un peu énervé et beaucoup trop susceptible, puis c'était pas une journée vraiment ordinaire, enfin bon, partons avant que je l'ai vraiment mauvaise.

« T'inquiète pas Alcide, j'y penserai ! Je suis un peu à la bourre, à bientôt ! lui lançais-je en m'enfonçant dans le couloir sans rien faire transparaître de ma colère. »

J'y penserai, dans tes rêves oui ! Bien sûr que je vais le prendre cet appart ! Puis je suis déjà assez optimiste comme ça !
Oh, je suis tellement susceptible, c'est désespérant...

Après: