Elle avance d'un pas qui n'a rien de léger, la tête enfoncée dans les épaules et le regard morne. Soizic est exaspérée et un peu perdue aussi. La ville était le lieu de tous les échanges mais elle n'était jamais à l'aise d'y aller. Elle s'imaginait que l'image du rat sous les bouches d'égout seyait très bien aux habitants qui évoluaient à ses côtés. Elle se demandait comment on pouvait vouloir vivre ici, dans un carré de ciment entouré de plein d'autres carrés de ciment. Même si Totarnec était loin d'être l'endroit urbanisé à outrance, néanmoins....
Elle soupire, croise le regard de son reflet désabusé dans la vitre d'une boulangerie. Ses traits sont marqués par des cernes affreuses, et son état la fait sursauter au moindre bruit. Elle a l'impression que sa santé, aussi bien mentale que physique, se désagrège au fil des jours. Elle se surprend à craindre que la mer ne la renvoie pas sur terre. Elle n'a plus la force de tirer sur les cordages ou tenir la barre quand le souffle du vent est trop fort. Mais plus que tout, elle est irascible. Alors que, en temps normal, cela s'impose à elle pour repartir aussi vite, selon les jours, -son humeur inconstante étant liée à sa personne-, en ce moment la chose est continuelle et déroutante. Elle s'enlise dans des sables à l'humeur inquiétante. Elle est énervée. Énervée d'être ici, alors qu'elle devrait être là bas. Oui là bas, vous comprenez ? Mal à l'aise, elle regarde la feuille qu'elle tient entre ses mains.
Elle se souvient du jour où elle avait créé cette annonce, et où le jeune homme féru de bière lui avait rendu visite. Mais cette pensée la fatigue davantage.... Devoir se rappeler à quel point il avait l'air égal à lui-même, libre de garder le cap de ses émotions... Elle se détourne d'un reflet qu'elle ne supporte plus. Deux, trois martinets piaillent au dessus de sa tête. Elle se laisse guider pour les conseils d'un inconnu qu'elle avait croisé dix minutes plus tôt. Un homme étrange, si vous vouliez son avis. Il avait tendu sa main pour serrer celle de Soizic de manière frénétique.
"Enchanté! Je suis enchanté! Oooh si j'avais su...vous êtes quoi, au juste ?! Oh laissez-moi deviner! A voir votre mine boudeuse, je dirais un ours ?! Ou bien un serpent?"
Puis il avait retiré son joli chapeau , pianotant sur ce dernier tandis qu'un sourire s'étirait sur son visage trop joyeux.
"Eh bien eh bien...c'est encore tout nouveau pour moi! Mais c'est toujours un plaisir, toujours un plaisir!"
Soizic avait tenté de se détourner de lui, prétextant qu'elle n'avait pas le temps -surtout pour un fou, même si cela, elle se garda bien de le lui dire-, qu'elle devait trouver un endroit où photocopier. Mais l'homme n'avait en rien perdu de sa bonne humeur. Son sourire n'en avait même que redoublé.
"Oooh mais allez donc imprimer dans les locaux de la Harde! Là-bas, vous y trouverez votre bonheur..." avant de lui adresser un clin d'oeil qu'elle ne comprit pas.
Il lui avait expliqué le chemin puis s'en était allé d'un pas bondissant, la laissant totalement décontenancée. La harde...c'était vraiment n'importe quoi ! A mesure qu'elle se dirige, tout de même, vers l'endroit, les passants qu'elle croise lui lancent des regards obliques. C'est que, voyez-vous, elle avait décidé de s'affubler de cette horrible salopette rouge, par dessus un tricot de peau jaune criard. Et avec un chignon retenu par un simple morceau de bois et des espadrille couleur tomate mûre, le tableau s'achevait sur une vision d'hurluberlue. Elle était comme ça, Soizic. Capable de porter une robe noire très classieuse un jour, et ramener tous le carnaval de rio le lendemain. Une fois arrivée devant l'établissement elle fronce le nez, agitant son papier nerveusement. Elle a très envie de rebrousser chemin, retrouver sa maison éloignée du monde, son chien et laisser son aigreur s'emparer d'elle. Mais elle a besoin de cette collocation, et la technologie était un univers assez obscur dans son esprit pour qu'elle n'aille pas chercher ailleurs.
Une fois entrée, elle rencontre deux jeunes habillés d'un kimono blanc. L'un deux était en train de mimer une chose apparemment hilarante au second, qui pouffa en portant une main à sa bouche. Ils ne lui prêtèrent pas attention...malgré son accoutrement. Tant mieux. Elle bifurque au bout de l'endroit et entre dans une pièce plus petite, à la recherche de cette foutue photocopieuse !
Elle soupire, croise le regard de son reflet désabusé dans la vitre d'une boulangerie. Ses traits sont marqués par des cernes affreuses, et son état la fait sursauter au moindre bruit. Elle a l'impression que sa santé, aussi bien mentale que physique, se désagrège au fil des jours. Elle se surprend à craindre que la mer ne la renvoie pas sur terre. Elle n'a plus la force de tirer sur les cordages ou tenir la barre quand le souffle du vent est trop fort. Mais plus que tout, elle est irascible. Alors que, en temps normal, cela s'impose à elle pour repartir aussi vite, selon les jours, -son humeur inconstante étant liée à sa personne-, en ce moment la chose est continuelle et déroutante. Elle s'enlise dans des sables à l'humeur inquiétante. Elle est énervée. Énervée d'être ici, alors qu'elle devrait être là bas. Oui là bas, vous comprenez ? Mal à l'aise, elle regarde la feuille qu'elle tient entre ses mains.
Elle se souvient du jour où elle avait créé cette annonce, et où le jeune homme féru de bière lui avait rendu visite. Mais cette pensée la fatigue davantage.... Devoir se rappeler à quel point il avait l'air égal à lui-même, libre de garder le cap de ses émotions... Elle se détourne d'un reflet qu'elle ne supporte plus. Deux, trois martinets piaillent au dessus de sa tête. Elle se laisse guider pour les conseils d'un inconnu qu'elle avait croisé dix minutes plus tôt. Un homme étrange, si vous vouliez son avis. Il avait tendu sa main pour serrer celle de Soizic de manière frénétique.
"Enchanté! Je suis enchanté! Oooh si j'avais su...vous êtes quoi, au juste ?! Oh laissez-moi deviner! A voir votre mine boudeuse, je dirais un ours ?! Ou bien un serpent?"
Puis il avait retiré son joli chapeau , pianotant sur ce dernier tandis qu'un sourire s'étirait sur son visage trop joyeux.
"Eh bien eh bien...c'est encore tout nouveau pour moi! Mais c'est toujours un plaisir, toujours un plaisir!"
Soizic avait tenté de se détourner de lui, prétextant qu'elle n'avait pas le temps -surtout pour un fou, même si cela, elle se garda bien de le lui dire-, qu'elle devait trouver un endroit où photocopier. Mais l'homme n'avait en rien perdu de sa bonne humeur. Son sourire n'en avait même que redoublé.
"Oooh mais allez donc imprimer dans les locaux de la Harde! Là-bas, vous y trouverez votre bonheur..." avant de lui adresser un clin d'oeil qu'elle ne comprit pas.
Il lui avait expliqué le chemin puis s'en était allé d'un pas bondissant, la laissant totalement décontenancée. La harde...c'était vraiment n'importe quoi ! A mesure qu'elle se dirige, tout de même, vers l'endroit, les passants qu'elle croise lui lancent des regards obliques. C'est que, voyez-vous, elle avait décidé de s'affubler de cette horrible salopette rouge, par dessus un tricot de peau jaune criard. Et avec un chignon retenu par un simple morceau de bois et des espadrille couleur tomate mûre, le tableau s'achevait sur une vision d'hurluberlue. Elle était comme ça, Soizic. Capable de porter une robe noire très classieuse un jour, et ramener tous le carnaval de rio le lendemain. Une fois arrivée devant l'établissement elle fronce le nez, agitant son papier nerveusement. Elle a très envie de rebrousser chemin, retrouver sa maison éloignée du monde, son chien et laisser son aigreur s'emparer d'elle. Mais elle a besoin de cette collocation, et la technologie était un univers assez obscur dans son esprit pour qu'elle n'aille pas chercher ailleurs.
Une fois entrée, elle rencontre deux jeunes habillés d'un kimono blanc. L'un deux était en train de mimer une chose apparemment hilarante au second, qui pouffa en portant une main à sa bouche. Ils ne lui prêtèrent pas attention...malgré son accoutrement. Tant mieux. Elle bifurque au bout de l'endroit et entre dans une pièce plus petite, à la recherche de cette foutue photocopieuse !