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    Le naufrage de Collodi [libre]

    Moutoussamy Zoé
    Le naufrage de Collodi [libre] > Mar 8 Aoû - 18:55:21
    Moutoussamy Zoé 
    Totem du Raton Laveur
    Totem du Raton Laveur
    Messages : 31
    Date d'inscription : 14/05/2017

    Cher journal. Aujourd'hui, il s'est passé quelque chose d'incroyable ! J'en suis encore toute émue... Mais, histoire de ne pas trop me perdre, je vais commencer depuis le début :

    C’était un samedi matin. J'avais plutôt bien dormi malgré la chaleur de la veille. Ma mère et mes sœurs étaient enfin arrivées, et on vivait toujours chez mon oncle, donc on était un peu à l’étroit, mais depuis qu'Anya avait entamé un régime drastique, elle ronflait beaucoup moins ; et mes nuits s'en étaient d’autant améliorées.

    Bref, je me levai donc et louvoyai discrètement entre les sacs de couchage dans lesquels mes sœurs dormaient pour sortir du salon. Après quelques tartines de beurre et une toilette de chat, me voilà parée à affronter une nouvelle journée. Je sortis donc de l’immeuble et pris la voiture pour me rendre à Brest. J’étais censée retrouver des amis pour un travail de groupe vers treize heures, mais je voulais prendre le temps d’étudier seule à l’institut de droit de la faculté ; quelque sujet à potasser sur les permis de construire...

    C’est en tentant de rejoindre la nationale que je la vis : immense et majestueuse, malgré sa détresse manifeste, une baleine s’était échouée sur un banc de sable de la plage. Une baleine, ici, à Totarnec ! Tu t’en rends compte, cher journal ? Voilà qui m’en a bouché un sacré coin ! Quelques personnes étaient déjà présentes, principalement des surfeurs, qui se grattaient la tête, sans doute en se demandant quoi faire de tout ça. Je les comprends, les pauvres.

    Je me garais non loin - c’était le matin, aussi de nombreuses places étaient-elles disponibles - et m’approchai pour observer la situation de plus près. Sur la plage, je constatai que le temps était venteux, même s’il ne faisait pas trop froid. Il y avait de nombreux nuages, mais aucun qui ne semblât chargé de pluie.

    Un garde côte semblait de mauvaise humeur, qui parlait avec affectation dans un téléphone. Du peu que je pu en apprendre, les pompiers, qui étaient censés prendre le problème en charge, étaient mobilisés dans le département voisin à cause d’un problème de feu de forêt.
    " Ça va pas rendre les choses plus faciles, ça… " Soupirai-je à ma voisine de plage.
    Ou, peut-être… mon voisin ?
    Alexandre Morann
    Re: Le naufrage de Collodi [libre] > Mer 9 Aoû - 0:37:29
    Alexandre Morann 
    Totem du Cerf
    Totem du Cerf
    Messages : 92
    Date d'inscription : 14/06/2017

    Ce matin étant en repos, j'en avais profité pour aller courir, vêtu simplement de mon short et de mon T-shirt de sport avec le casque vissé sur les oreilles. Faisant mon parcours habituel au rythme entrainant des musiques de Linking Park ou Eluveitie. Regardant le paysage autour de moi je finissais par passer du côté de la plage, voyant une grosse dune qui bouge … attend … Une dune qui bouge ? What the fuck ? Je stoppais ma course avant de me retourner vers ce spectacle pour le moins … inhabituel.

    Autant pour moi enfaîte c'était juste une baleine échoué et quelques personnes s'afférant autour … Ah ce n'est que ça … je m'apprêtais à reprendre ma course jusqu'à ce que je réalise enfin la situation et ce qui clochait …

    Piqué de curiosité et surtout près à apporter mon aide …je crois bien que j'avais eu raison parce que j'ai l'impression qu'il n'y avait que des bras cassés ici … d'un côté des beaux gosses des planches (très mignon au passage, jolis muscles) qui semblait ne pas avoir grand-chose dans le cerveau et de l'autre un exciter de la vie qui s'acharnait sur quelqu'un au portable. En tout cas … de ce qu'on pouvait comprendre je crois bien que les pompiers n'interviendront pas tout de suite …

    De mon côté je plongeais mon regard dans l'œil du mammifère marin, échanger un contact visuel avec un tel mastodonte qui pourtant était majestueux en temps normal et là en si mauvaise posture c'était à la fois, impressionnant et triste …

    Je fus ramené à moi par quelqu'un qui me parlait …

    " Ça va pas rendre les choses plus faciles, ça… "

    Je jetais un bref regard vers mon interlocutrice … une jeune femme à la peau mate …

    _ Non en effet … va falloir faire quelque chose …

    Bizarrement personne n'avait l'air de savoir quoi faire en attendant que les pompiers n'intervienne … je connaissais deux trois trucs des livres et reportages mais rien de bien conséquent mais ce sera déjà mieux que rien … Je m'exprimais donc aux personnes présentes

    _ Bon ! Les gens ! En attendant que les pompiers n'arrivent faut qu'on fasse quelque chose, déjà on doit l'empêcher de se déshydrater en maintenant sa peau humide, surtout avec le vent qu'il y a et surtout, éviter de la toucher directement avec nos mains pleines de microbes !

    J'espère juste que ceux qui sont appelés pourront remettre rapidement l'animal à l'eau sinon, il risque de mourir étouffé sous son propre poids.
    Moutoussamy Zoé
    Re: Le naufrage de Collodi [libre] > Sam 19 Aoû - 18:41:26
    Moutoussamy Zoé 
    Totem du Raton Laveur
    Totem du Raton Laveur
    Messages : 31
    Date d'inscription : 14/05/2017

    Le sportif (c’était un homme, à en juger par sa voix) m’ôta les mots de la bouche en disant que nous devrions sans doute nous débrouiller par nous même pour remettre le mastodonte à flot. En effet, moi qui voulait étudier, je compris que c’était raté. Comment abandonner quelqu’un lorsqu’il était dans un danger de mort ? Et vue l’heure - un samedi matin - peu de chance que de nombreuses autres personnes ne se présentent avant long. Nous étions tout juste une dizaine et il allait falloir faire avec.

    Alors que je réfléchissais à une manière de procéder, mon voisin prit les devants et encouragea les autres à faire quelque chose de tout à fait censé, à savoir hydrater la baleine. Lorsqu’il parla, l’un des surfeurs se pencha vers son ami et lui chuchota à l’oreille. L’autre lui répondit dans une langue slave et le premier hocha la tête. Nombre des surfeurs ne savaient manifestement pas parler français, pour couronner le tout.

    Ils discutèrent quelques secondes, en mimant des choses incompréhensibles, et puis deux d’entre eux partirent au trot vers le parking, où se trouvait un vieux van. Celui qui leur avait répondu nous parla avec un fort accent.
    " Ils vont voiturer jusqu’à la B&B pour chercher… Vous savez : moteur de porter et fils à mouiller un jardin. Plus… Effective, comme ça. Nous avons ça dans la... Chambre de jardin de la B&B. "

    Voilà qui réglerait sans doute la question de l’hydratation. Mais le problème logistique se posait toujours. " Hum… Je vais appeler quelqu’un qui saura peut-être. " J’avais rencontré une vétérinaire lors d’une journée de bénévolat et je me souvenais de son nom de famille - qui était rigolo (Loubignac, ça fait marque de sac-à-main, je trouve) - ce qui me permit de rapidement retrouver son numéro de service sur Google. Je dus bien me rendre à l’évidence : les gens n’allumaient jamais leur portable un samedi matin. Je laissai néanmoins un message, précisant que c’était une urgence.

    Je soufflai sur une mèche qui me chatouillait le visage et retroussai mes manches (c’était une fraîche matinée, aussi avais-je pris un petit polo).
    " Bon. Mon coup de fil n’a rien donné ; donc, pour le moment, si on veut pouvoir bouger cette grande dame, on va devoir faire avec les moyens du bord. Lançai-je au joggeur, avant de me tourner vers l’homme mécontent avec son téléphone. Eh, monsieur le garde-côte ! Vous auriez pas des pelles ou quelque chose comme ça ? "

    En pleine conversation, il s'interrompit tout juste pour chercher du regard avant de me voir. Je dû me répéter pour qu’il entende, cette fois, et il fit un vague geste de la main vers une cabane qui se trouvait à côté d’un poste d’observation, à quelque cents mètres d’ici. l’espoir revenait, je me sentais remontée par l’excitation.
    " Yes ! Tu viens ? On va voir si on trouve de quoi creuser pour la faire glisser vers la mer. Ah, au fait, moi c’est Zoé ! " Fis-je en me dirigeant vers la cabane peinte en bleu.
    Valrioss Housman
    Re: Le naufrage de Collodi [libre] > Dim 24 Sep - 12:35:29
    Valrioss Housman 
    Totem du Serpent
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    Messages : 111
    Date d'inscription : 11/09/2017

    Arrivée au manoir, Valrioss étais dehors, au bord de la falaise à fumer une cigarette et boire de la vodka à même la bouteille pour se réchauffer. Même si ici il fait moins froid qu'en Russie, le vent lui par contre était plus violent. Rien pour mettre le russe de bonne humeur. En plus de ça un attroupement de jeunes plus bruyant les uns que les autres semblait attirer par un gros truc de couleur bleuté affalé sur la plage. Au bout d' une demi-heure de vacarme ininterrompue, il se décida à partir voir ces fourmis de plus près.
    Il monta sur sa moto et démarra à toutes rompe vers la plage. Arrivée en bas il s'arrêta quelques temps, le temps d'analyser la situation quelques peut cocasse. Ils courraient tous autour d'un cétacé beaucoup plus gros que eux échoué sur la plage.
    Le jeune homme, trouvant la scène comique se posa sur un rocher pour regarder se spectacle inattendu.
    Moutoussamy Zoé
    Re: Le naufrage de Collodi [libre] > Dim 5 Nov - 17:33:51
    Moutoussamy Zoé 
    Totem du Raton Laveur
    Totem du Raton Laveur
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    Date d'inscription : 14/05/2017

    Le jeune homme se présenta sous le nom d’Alexandre Morann. En remarquant qu’il n’était pas très loquace, j’évitai d’être trop bavarde à ses côtés. Je sais que c’est le genre de choses qui peuvent mettre mal à l’aise les personnes timides ou énerver celles qui ne sont pas d’humeur.

    Nous nous dirigeâmes donc vers la cabane de bois, peinte dans les tons traditionnels de bleu et de blanc rayés. La porte était verrouillée mais, en faisant le tour, nous remarquâmes rapidement que la clé pendait au clou d’un des murs. Les gens, ici, n’avaient pas peur du vol, me dis-je. En fouillant rapidement, nous trouvâmes quatre pelles que nous avions distribuées aux gens présents sur place. Il n’y en avait pas assez pour tout le monde, mais chacun faisait ce qu’il pouvait.

    Armée moi aussi d’une pelle, j’aidai donc les autres à creuser un sillon qui permettrait à l’eau de progresser plus facilement à marée montante et à la baleine de glisser vers le large. Le temps passait. Ceux qui n’avaient pas de pelle remplissaient d’eau de mer des seaux trouvés dans la cabane du poste d’observation pour hydrater la créature, mais ça n’était pas suffisant, vu sa surface.

    Ce n’est qu’au bout d’une bonne demi-heure que la voiture des surfeurs slaves revint, signalée par des coups de klaxons enthousiastes. Ils rapportaient une pompe hydraulique et une bobine de tuyaux, sans doute utilisés pour arroser un jardin ou remplir une piscine. Ils ne furent pas longs à installer l’équipement et, alors, la baleine put bénéficier d’un jet d’eau constant passant sur toute la surface de son corps. J’espère que ça lui aura fait bien plaisir !

    Continuant de creuser, je levai un temps la tête pour m’essuyer le front d’un revers de la main lorsque j’aperçu, au loin, un homme qui nous observait, nonchalamment installé sur sa moto. Je lui fis des signes de la main et criai :
    " Hey ! Restez pas planté là, venez donc nous aider ; vous allez voir, c’est amusant ! "

    Avec la distance, aucune chance qu’il m’entende, mais les grands moulinets des bras devaient parler d’eux mêmes. Et puis, c’est vrai, au fond : c’était plutôt amusant, non ?
    Valrioss Housman
    Re: Le naufrage de Collodi [libre] > Lun 6 Nov - 11:50:17
    Valrioss Housman 
    Totem du Serpent
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    Date d'inscription : 11/09/2017

    Housman après quelques minutes de contemplation et les gestes ininterrompu d'une jeune femme prit la décision de descendre aider ces pauvres bougres. Téléphone colle à l'oreille il commandait de plus gros moyen auprès de Vector.

    -  J'en sais rien sombre idiot,  une grue.... Et tu veux que on la ramène ici comment? Ça mettra des plombes. Un bateau serait une meilleur idée,  munie d'un treuille bien sur. Mais réfléchie un peut,  c'est une baleine,  Hulk n'est pas de ce monde alors oui un treuille. Il faudra bien la déplacé. Comment? Bas débrouille toi,  j'aimerais bien que la vue que j'ai de la fenêtre de chez moi soit plus plaisante!

    Housman raccrocha son téléphone et le glissa dans sa poche.

    - Un bateau munie d'un treuil ne devrait plus tarder à arrivé. En attendant il suffit juste de garder cette animal en vie,  et une barque aussi. Je ne compte pas rejoindre ce bateau à la nage.

    Pourquoi personne n'avaient penser à cette idée? Ils se croyaient vraiment capable de pousser cette animal dans l'eau? Bref, pour ne pas être le seul a ne rien faire il allât rejoindre les hommes qui arrosait l'animal,  creuser se n'était pas pour lui. Il avait déjà suffisamment creuser pour enterrer des gens,  pas besoin de le faire si d'autre s'en chargeaient.
    Moutoussamy Zoé
    Re: Le naufrage de Collodi [libre] > Dim 12 Nov - 23:00:22
    Moutoussamy Zoé 
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    Comme quoi, un enthousiasme communicatif finissait toujours par payer. Après quelques gesticulations énergiques, le monsieur se décida à descendre. Le temps de nous rejoindre, il semblait avoir passé un coup de fil. En effet, lorsqu’il fut à portée de voix, il nous indiqua que des moyens logistiques tout à fait idéaux venaient d’être mis en oeuvre.

    " C’est vrai ? Super ! Le garde-côte a pas réussi à joindre le syndicat des agents de quai pour qu’ils contactent les propriétaires de bateaux ; vous avez eu un sacré pot pour tomber sur quelqu’un de levé à cette heure ! On a plus qu’à creuser encore un peu le temps que le navire arrive, et la mémère aura de quoi se faire glisser en douceur !

    Vous vous appelez comment ?
    " Demandais-je, en me remettant au travail.
    Valrioss Housman
    Re: Le naufrage de Collodi [libre] > Dim 12 Nov - 23:42:41
    Valrioss Housman 
    Totem du Serpent
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    Messages : 111
    Date d'inscription : 11/09/2017

    - Wouai on va dire ça...

    Répondit Housman à la remarque de la jeune femme, pour lui c'était tout à fait logique et normal de sont bras droit soit là pour lui 24 heures sur 24 et peut importe pour qu'elle raison. Il était payé pour ça après tout.

    - Housman.

    Il ne cherchait pas la conversation, et n'était pas là pour faire ça "B.A" de l'année, ces jeune l'avait juste empêché de se réveiller tranquillement à sa terrasse, et il voulait retrouver le calme. C'était aussi bête que ça.

    Après plusieurs longue minute, un homme assez rondelet à la peau noir, habillé d'un costard gris foncé arriva avec des renforts, enfin. A peine arrivé il se fit sauté dessus.

    - Pourquoi tu as mis autant de temps? On est en Bretagne, c'est pas aussi longue de trouver des marins... Bref, je peux enfin me tirer. Occupe toi de ça tu veux. Ce cétacé est entre de bonne mains maintenant.

    Housman remit sur ces épaule son cuir qu'il avait déposé au sol avant d'aider un peu. Il regarda quelque instant tout le remue ménage engendrait avant de tourné les talons, évitant la presse qui commençait à arrivé. Il remonta vers son engins, sans s'occuper de ce qui continuait, ou se terminait dans son dos. Il se posa sur sa moto tout en fumant une clope et regardant la fin du spectacle.
    Moutoussamy Zoé
    Re: Le naufrage de Collodi [libre] > Mar 21 Nov - 22:56:43
    Moutoussamy Zoé 
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    Date d'inscription : 14/05/2017

    Plus encore qu’Alexandre, Housman - comme il s’appelait - semblait des plus taciturnes. Comme de mauvaise humeur. Je n’insistai pas. En réalité, j’avais déjà l’impression d’avoir trop parlé, trop agacé. Pas que je m’en souciais habituellement : après tout, j’avais bien le droit de parler et les autres, s’ils n’étaient pas contents, n’étaient pas obligés de m’écouter. Mais, dans le cas présent, aucune aide n’était à négliger. Alors, je préférais jouer la carte de la diplomatie.

    Le temps passa et d’autres personnes arrivaient. Il y avait notamment un monsieur type mafieux dans son costume, qui détonnait particulièrement avec le décor. Je compris rapidement que le jeune homme bougon le connaissait, puisqu’il lui mit immédiatement le grappin dessus pour l’invectiver injustement.

    Je ne savais pas exactement qui étaient ces hommes, mais ils venaient avec un bâteau. C’était suffisant pour ne pas m’en faire. Housman, pour sa part, rejoignit son poste d’observation. Il y avait de ces gens qui se sentaient le besoin de ne pas agir alors que cela ne leur coûtait rien ; et, néanmoins, il avait fourni une aide déterminante en mettant des moyens manifestement personnels en branle afin de sauver cette baleine. C’était une étrange idée de se dire qu’une personne pouvait être à la fois méprisable et louable. Mais j’ai toujours eu à coeur d’enseigner aux gens que le monde n’était ni noir ni blanc, alors je n’allais pas déroger à mes propres préceptes.

    Je discutai avec le garde côte. Il avait contacté la marine nationale, au cas où les providentiels philanthropes s’avèreraient être des braconniers sans scrupules qui avaient dans l’intention de prendre le large dès que l’occasion se présenterait. Cela dit, je ne me faisais pas trop de soucis sur ce point : le bâteau était, certes, de bonne taille ; mais s’il devait tenter de traîner la baleine vers le large, il en serait quitte pour un beau naufrage. Il serait donc forcé d’abattre la baleine et de la tirer à bord sur place, ce qui laisserait tout le temps à la police d’arriver sur place, maintenant que la midi était sur le point de sonner.

    Cela dit, le reste de l’opération fut délicat. On ne pouvait pas pousser la baleine à sec sur le sable, car cela lui aurait fait mal. Et, on ne pouvait pas nous contenter de la tirer avec un harnais car, une fois dans l’eau, elle aurait tiré dessus et - prise de panique - aurait entraîné le navire par le fond sans nous laisser une chance de la détacher.

    Après brève concertation, nous décidâmes de relier le câble treuillé à une vaste bâche étanche qui servait à couvrir le bâteau pour le protéger du mauvais temps. Une fois fait, nous emplîmes le sillon précédemment creusé d’eau, afin de faire glisser plus facilement la baleine sur la bâche. Même ainsi, il était difficile de la déplacer mais, heureusement pour nous, quelques minutes plus tard, un des contacts du garde-côtes arriva avec un un tractopelle de chantier qu’il avait emprunté. La pelle s’enfonça aisément dans le sable et souleva l’avant du lourd cétacé. En tirant tous ensemble sur la queue de l’animal, nous eûmes le temps de disposer la bâche en dessous. Le navire, dut faire demi-tour et lancer ses moteurs à pleine propulsion tout en rembobinant le treuil pour déplacer le poids de la bête.

    Enfin, elle retournait à l’océan.

    Satisfaite, je restai encore un petit moment, à discuter avec mes compagnons de fortune, tout en contemplant la majestueuse créature évoluer avec grâce dans son élément, alors que quelques minutes plus tôt, elle était totalement démunie. C’était une expérience qui créait des liens, aussi nous échangeâmes quelques numéros avant de nous quitter.

    Au revoir tout le monde ! Au revoir Alexandre ! Au revoir jolie baleine ! Je retournai à ma voiture, direction la bibliothèque universitaire, où les révisions du samedi ne commenceraient pas avant un récit en bonne et dûe forme de mon aventure à mes amis.

    Je démarrai donc le moteur et, avant de partir, lançai un regard à cet homme - Housman - qui observait au loin, comme détaché de tout. Peut-être était-ce la distance, mais je lui trouvai un air maussade, ombrageux. Moi qui venait de vivre un formidable moment d’émulation et de synergie enthousiaste, j’avais l’impression de regarder un enfant puni qui n’avait pas eu le droit de participer à la fête. J’eus un petit pincement au coeur et lui fit signe d’au-revoir, avant de me lancer sur la route.
    Au revoir, Housman.
    Et merci.
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