Let's rock baby ! [fiche terminée]

Quand on regarde Roxanne Dupont, ce petit bout de femme d’un mètre cinquante pour quarante-cinq kilos, on ne peut manquer le bleu clair de ses yeux en raccord avec celui de ses cheveux. Enfin, c’est le cas aujourd’hui mais la jeune femme a tendance à changer de colo’ tous les ans pour varier de style. Elle est passée par le blanc, le rose, le vert, le noir et aussi le blond, sa couleur naturelle. La demoiselle, car elle n’est pas mariée… Quoi mademoiselle c’est sexiste et ça n’existe plus c’est madame pour tout le monde ? Ne sortez pas ce genre de stupidités à Roxanne : elle est une demoiselle, ok ?! Elle a peut-être vingt-sept ans mais se considère encore dans la fleur de l’âge. En plus, sa peau encore bien lisse, l’absence de ride, son look assez rock et ses tatouages tribaux lui valent souvent d’être rajeunie par ceux qu’elle croise. Faites comme eux, dites-lui qu'elle fait vingt ans : ça lui fera plaisir !

En ce qui concerne les tatouages, n’allez pas penser qu’en posséder fait de la française une personne mentalement instable ou avec des problèmes de santé. Comment ? Si elle a un style rock et s’habille parfois totalement en noir, elle doit se droguer et faire des sacrifices d’animaux ? N’importe quoi.

Premièrement, elle ne va quasiment jamais au médecin car elle a une santé de fer. Elle ne s’est jamais rien cassée, ne s’est jamais faite opérée et ne compte pas se rendre de sitôt à l’hôpital. Cette fan de rock et de métal a préféré s’éloigner des gros clichés de psychopathes donnés par ses grands-parents un peu fermés. Elle aime, certes, les soirées arrosées et les concerts mais a une hygiène de vie irréprochable en dehors de cela. Elle fait du sport, ne fume pas et boit essentiellement de l'eau.

Deuxièmement, jamais elle ne ferait de mal à une mouche, un humain peut-être mais pas un animal. Plus sérieusement, son caractère affirmé peut faire penser qu’elle est une personne violente mais ce n’est pas le cas. C’est juste qu’elle a un petit problème de sociabilité avec ses congénères humains. A force qu’on vous dit n’importe quoi on reste vite sur la défensive. Cela dit, elle est très sociable avec les animaux et devient gaga avec l’amour de sa vie : son chat noir nommé Jiji.  

La jeune femme n’a jamais été très famille car elle s’est toujours sentie incomprise par ses parents et surtout par ses grands-parents des deux côtés. Etant fille unique, son seul confident de tous les jours a été son chat. S'il est arrivé tard dans sa vie, elle ne se voit pas s'en séparer à part pour travailler. Il est sa seule attache réelle.

Lorsqu’elle a décidé de quitter le nord de la France pour rejoindre Totarnec, sa mère a été terriblement attristée, son père n’a absolument pas réagi et ses grands-parents ont presque sabré le champagne. Rien de tout ceci ne l’a retenu. Elle avait bien l’intention de commencer une nouvelle vie loin de ceux qu’elle estimait être nocifs pour elle. Ceci même si elle n’avait presque aucune économie. Elle préférait vivre avec le minimum et être heureuse qu’avoir la vie de château chez ses parents et d’être malheureuse.


Vous pensez que Roxanne est dans la tête des esprits ? Comment pourrait-elle répondre au pourquoi ? Mais s'il faut tout de même répondre,  j’ai bien envie de dire : pourquoi pas ?

Peut-être a-t-il remarqué que la jeune femme avait un caractère affirmé et avait du répondant lorsque la cause en valait la peine. S’il lui arrive de laisser couler certaines choses, la jeune femme ne démord jamais d’une cause, quitte à être réprimandée pour cela. Les punitions, les renvois, tout cela ne l’a jamais empêchée d’ouvrir sa grande bouche si elle estimait être dans le vrai.

Si ce n’était pas pour cela, peut-être serait-ce pour son amour inconditionnel pour les animaux et la nature. Peut-être a-t-il assisté à la fois où, en voiture, elle avait vu ce chien abandonné sur la bande d’urgence de l’autoroute. Aussitôt, la jeune fille, bien consciente que ses parents ne se seraient pas arrêtés pour un animal, se mit à hurler à son père de s’arrêter en prétextant avoir mal et besoin de vomir. Bien sûr, elle en profita pour récupérer le brave quadrupède qui eut la vie sauve. Elle avait aussi grimpé une fois sur le toit d’un voisin parce que Jiji avait trop peur pour redescendre. On pourrait tenir une journée à citer des histoires de ce genre.

A côté de cela, Roxanne a toujours apprécié la beauté simple de ce qu’offrait la Terre. Les balades en forêt étaient souvent au rendez-vous lorsqu’elle était énervée. Cela l’apaisait et lui permettait de voir que la société oubliait souvent l’essentiel. Ben oui, pourquoi y avait-il si peu d’espace verts et de réels coins de nature sauvages et tant de centres commerciaux ? Vivant en ville, c’est une des raisons qui l’a poussé à choisir Totarnec comme nouveau foyer. Elle avait besoin d’air et de se rapprocher d’un habitat plus naturel.

La jeune femme est également soucieuse de l’écologie et réduit le plus possible ses emballages depuis qu’elle sait combien de pauvres animaux meurent à causes des déchets. Cela dit, elle ne se vante pas de cela. Mais peut-être que l’esprit l’a-t-il observé ?


Roxanne Dupont est née le 14 juillet 1990 à Roubaix, dans le nord de la France. C’est d’ailleurs dans cette même ville que ses parents avaient une très belle demeure dans les quartiers chics de la ville. Hors de question de vivre près des plus défavorisés, tous des criminels ces pauvres. C’étaient typiquement le genre de mentalité qui révoltait la fillette dès le plus jeune âge. Pourquoi ne pouvait-elle pas être amie avec d’autres parce qu’ils étaient trop pauvres ? Encore jeune, elle avait proposé de leur donner son argent de poche pour que ses parents l’autorisent à revoir ses amis. Quelle douce innocence. Ce fut le début de l’incompréhension, source du conflit entre elle et ses parents.

L’innocence fila et, rapidement, elle atteint ses dix-huit ans. Sa vie était rythmée par l’école la semaine et les sorties en forêt le week-end. Niveau scolarité, elle se retrouva très vite démotivée. Elle ne se sentait pas du tout à sa place dans les établissements privés, étant entourée de fils à papa et maman. De ce fait, Roxanne ne brilla pas par ses résultats scolaires. Elle sécha de plus en plus les cours : de toute façon ça ne changerait pas de beaucoup ses résultats. Alors, autant se balader dans le parc non loin de l’école. Elle pouvait y observer les oiseaux : de beaux cygnes, des perruches qui s’étaient échappées d’un zoo belge et qui s’étaient adaptées au climat assez froid et aussi des pigeons plus communs. Forcément, des convocations suivirent pour signaler qu’elle n’était plus très assidue, c’était peu dire. Ses parents étaient extrêmement désappointés mais Roxanne, elle, s’en fichait totalement et préférait regarder par la fenêtre pendant qu’ils lui sortaient les phrases classiques.

-Mais que vas-tu faire de ta vie ? Finir caissière ?! Réagis si tu ne veux pas finir dans la misère ! Hé, tu m’écoutes ?

Comme si il y avait des métiers plus honteux que d’autre. Qu’était donc cette société qui définissait la valeur des personnes en fonction de leur soit disant grade plus ou moins respectueux. Alors être éboueur et caissière c’était la honte ultime pour un enfant de riche ? Il faudrait vraiment qu’elle persévère pour redorer le blason de sa famille en adoptant un de ces emplois. Mais d’ici-là, peut-être que provoquer une fois de plus son père serait amusant.

« Tu as vu : il y a un superbe rouge gorge sur l’arbre ? »

C’était vrai : elle le regardait sautiller. Il était trop mignon ! Son paternel, lui, ne trouva pas ça spécialement intéressant.

-Tu veux faire ton insolente ? Tu es privée de sortie en forêt et de parc pour un mois !

Ses parents ne la comprenaient souvent pas mais ils avaient bien noté le peu de choses qui comptaient pour elle. Roxanne explosa de rage et alla se réfugier dans sa chambre auprès de Jiji, son chaton qu’elle avait adopté un mois auparavant à la SPA. Au moins pouvait-elle lui parler sincèrement à lui. Il comprenait que ses parents étaient des idiots.

En pleine crise existentielle, elle se découvrit une passion insoupçonnée pour la musique rock et métal. Elle décida de ne pas se limiter à l’écoute et décida d’affirmer son caractère à travers son look également. Ce fut le début des couleurs de cheveux insolites et des tenues rock et parfois punk. Ceci, au grand désarroi de toute sa famille et surtout de ses grands-parents. Elle découvrit les joies des concerts, grâce aux petits boulots qu’elle faisait ponctuellement le weekend. Jamais ses parents n’auraient financé ce genre de sortie, soyons réalistes.

Les années passèrent et Roxanne finit tout de même par décrocher son bac, après trois redoublements. Croyez-le : elle avait tout fait pour ne pas l’avoir mais à force d’entendre toujours la même chose, ça avait fini par rentrer. Il était désormais temps de commencer les études supérieures ! Elle allait ENFIN pouvoir découvrir les joies de la fac. Là-bas, il n’y avait pas d’obligation de présence. Aussi, au lieu de plancher sur ses études de droit, elle allait dans le parc avec Jiji. Ce ne fut pas étonnant qu’à ses vingt-sept ans, elle n’eut pas terminé ses études.

Lassée de se sentir rejetée, critiquée et incomprise sous son propre toit, elle décida qu’il était grand temps de tout plaquer pour une nouvelle vie. Quoi ? Elle aurait dû terminer ce fichu diplôme de droit ? Non, c’est bon, ça ne lui tenait pas plus à cœur que cela. Bien sûr, elle aimait défendre les injustices et dans ce sens le droit était génial. Mais elle se sentait trop contrainte et avait la sensation qu’en ayant ce diplôme ici et maintenant elle aurait suivi le chemin que lui dictaient ses parents. Ainsi elle aurait un métier de bourge, aurait beaucoup d’argent et pourrait ne plus leur faire honte.

Le départ fut donc tout décidé : elle partirait dans un endroit bien isolé, bien loin de chez eux. Proche de la nature pour qu’elle puisse poursuivre ses sorties en forêt mais cette fois dans une forêt digne de ce nom. Et, surtout, elle prendrait les métiers qui effrayaient tant ses parents.

« C’est décidé, je pars vivre à Totarnec, en Bretagne. »

-Mais partir pour quoi faire ? Et tes études ?

« Plus besoin d’étude. Je vais trouver un job en tant que caissière et m’installer dans un camping le temps d’avoir de quoi louer un appartement. »

Sa mère avait pleuré toutes les larmes de son corps, la suppliant de rester avec eux. Son père, lui, avait fait comme s’il n’avait rien entendu et été parti vaqué à ses occupations. Roxanne embarqua Jiji, n’oubliant pas de dire quand même au revoir à ses grands-parents qui prirent la nouvelle comme un grand évènement. Tant mieux pour eux. Elle s'en fichait : sa nouvelle vie était devant elle.

« Tu vas voir Jiji, j'ai regardé sur internet ça a l'air génial là-bas. De toute façon, de base la Bretagne c'est super. Tu vas adorer toi aussi. »

Et voilà, c’est ainsi que Roxanne arriva à Totarnec où elle séjourne depuis un petit mois désormais. Elle a décroché un job de caissière dans un petit centre commercial la semaine et travaille en tant que serveuse le weekend. Si le métier de serveuse lui convient assez, elle est assez agacée de participer à une structure commercial générant tant d’emballage. Mais il faut bien gagner sa vie et surtout nourrir Jiji. Tous deux vivent encore dans un camping mais Roxanne est en recherche active d'appartement.

Jusqu’ici, la demoiselle n’a pas encore eu la chance de rêver. Mais qui sait de quoi demain sera fait. Quelqu’un ou quelque chose se produira peut-être…





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