Le vent fouette mon visage. Je soupire et jette un œil à Luam, perché sur la vigie, il fait peur aux marins qui croient qu’il va tomber. Je m’en amuse, jamais il ne tombera. Le vent n’est qu’une caresse pour lui. Je me dis que parfois j’aurais aimé glisser sur la même voie que lui… Mais le feu m’a choisie. Je soupire et grommelle dans ma barbe. J’ai encore peur d’utiliser mon tout nouveau pouvoir. Il me dit de ne pas craindre ce qui fait partie de moi. Sauf que j’ai senti en prêtant serment… Il m’a marqué, comme une vague chaude, prise au piège au milieu du volcan de ma propre force, je ne savais plus quoi faire.
Je frissonne, peut-être pour la dernière fois de ma vie. Luam m’a dit que c’était trop récent. Que mon élément prenait le temps de prendre place complètement en moi. Et que j’avais beau avoir accepté en connaissance de cause, je combattais mon élément. Je ne pense pas que je le combat vraiment. Mais Luam a rarement tort. Alors je me tais et je médite comme il m’a appris. Comme ça, je me lie comme il faut à Feu. Et lui. Il m’a trainé dans cette aventure. Je sais que c’est pour m’apprendre à être pour des éveillés ce qu’il a pu être pour moi, même s’il ne l’a pas dit. Je soupire encore. Ça me fait peur. Je devrais pas. Mais ça me fait peur. Il y a encore deux semaines je me sentais prête. Mais depuis. Je ne sais plus.
Je sens des choses que je ne percevais pas avant. Je sais qu’ils sont là, toujours quelque part à la lisière de ma conscience, mais je ne le savais pas avant. C’est dur à expliquer. Et à vivre. J’ai senti la peur instinctive de mes amis de la forêt – à qui je parle toujours s’ils le veulent bien – face à la nouvelle flamme qu’ils sentent en moi. J’ai été attristée. Mais je comprends. Totalement. Je soupire. Je vois la terre qui se rapproche. J’y vais à l’aveugle, Luam sait qui il doit rejoindre, trouver. Je me contente de le suivre. Je m’inquiète aussi pour lui, même si je ne le dis pas. Il le sait je pense. Mais il s’en fiche. Alors faisons comme ça. Je le sens descendre vers moi plutôt que de l’entendre. Ça aussi c’est nouveau. Comme si sa présence était une flamme, de la chaleur dans les embruns de la mer sur laquelle nous naviguons depuis trois semaines.
Il me sourit.
« Nous devons y aller petit flamme. » me dit-il avec sa douceur habituelle.
Je hoche la tête. Il me prend la main. Nous avons fait croire à tout l’équipage que nous avions payé. Il était temps de tirer la révérence. Il me prit la main et monta l’escalier invisible du vent. Tout le monde était trop affairé autour de nous. Personne ne vit. Le bateau fila sous nos pieds suspendus. Je sentis mon cœur se serrer. Il n’y a plus que le vide et sa main. Et la mer. L’eau. Berk. Elle commence déjà à me déranger. Je n’ai plus envie d’y aller trop souvent. C’est plus fort et plus rapide que l’esprit du cerf à se manifester en moi. Peut-être est-ce moi, peut-être est-ce toujours comme ça. JE n’en sais rien.
Il marche, et j’essaie de suivre, sans regarder le vide en dessous de moi. Je me sens mal. J’ai peur. Je prends une longue inspiration, il nous guide vers une petite plage abritée. Nous sommes à dix mètres du rivage. Il me regarde, sourit. Et me lâche. Je crie. J’appelle le feu. Je vole brièvement au ras des vagues et m’écrase sur le sable. J’ai senti le feu pousser. Propulser. Je pleure de soulagement. De peur. Je hurle sur Luam qui me regarde avec son sourire tranquille. Je tremble, nerveusement. Je mets du temps à me calmer. J’ai envie de hurler ma frustration et mon mécontentement. Mais son regard m’incite à me taire. Et progressivement, je retrouve mon calme. Je regarde autour de nous. Je ris et cours autour de nous en sautant partout.
Je fonce vers un arbre pour taper la discute. Je ris, je chante avec les oiseaux. Etre sur la terre ferme, quel bonheur ! Mais je dois cesser de virevolter. Nous avons à faire. Il nous invente une histoire. Et nous travaillons dans une petite ferme. Il sait qu’il va venir. Alors nous attendons en travaillant. Et moi je veille sur lui, qui est capable de chopper la moindre connerie qui traine dans l’air. Il a l’air si faible maintenant que je sens la vitalité folle du feu en moi.
Je frissonne, peut-être pour la dernière fois de ma vie. Luam m’a dit que c’était trop récent. Que mon élément prenait le temps de prendre place complètement en moi. Et que j’avais beau avoir accepté en connaissance de cause, je combattais mon élément. Je ne pense pas que je le combat vraiment. Mais Luam a rarement tort. Alors je me tais et je médite comme il m’a appris. Comme ça, je me lie comme il faut à Feu. Et lui. Il m’a trainé dans cette aventure. Je sais que c’est pour m’apprendre à être pour des éveillés ce qu’il a pu être pour moi, même s’il ne l’a pas dit. Je soupire encore. Ça me fait peur. Je devrais pas. Mais ça me fait peur. Il y a encore deux semaines je me sentais prête. Mais depuis. Je ne sais plus.
Je sens des choses que je ne percevais pas avant. Je sais qu’ils sont là, toujours quelque part à la lisière de ma conscience, mais je ne le savais pas avant. C’est dur à expliquer. Et à vivre. J’ai senti la peur instinctive de mes amis de la forêt – à qui je parle toujours s’ils le veulent bien – face à la nouvelle flamme qu’ils sentent en moi. J’ai été attristée. Mais je comprends. Totalement. Je soupire. Je vois la terre qui se rapproche. J’y vais à l’aveugle, Luam sait qui il doit rejoindre, trouver. Je me contente de le suivre. Je m’inquiète aussi pour lui, même si je ne le dis pas. Il le sait je pense. Mais il s’en fiche. Alors faisons comme ça. Je le sens descendre vers moi plutôt que de l’entendre. Ça aussi c’est nouveau. Comme si sa présence était une flamme, de la chaleur dans les embruns de la mer sur laquelle nous naviguons depuis trois semaines.
Il me sourit.
« Nous devons y aller petit flamme. » me dit-il avec sa douceur habituelle.
Je hoche la tête. Il me prend la main. Nous avons fait croire à tout l’équipage que nous avions payé. Il était temps de tirer la révérence. Il me prit la main et monta l’escalier invisible du vent. Tout le monde était trop affairé autour de nous. Personne ne vit. Le bateau fila sous nos pieds suspendus. Je sentis mon cœur se serrer. Il n’y a plus que le vide et sa main. Et la mer. L’eau. Berk. Elle commence déjà à me déranger. Je n’ai plus envie d’y aller trop souvent. C’est plus fort et plus rapide que l’esprit du cerf à se manifester en moi. Peut-être est-ce moi, peut-être est-ce toujours comme ça. JE n’en sais rien.
Il marche, et j’essaie de suivre, sans regarder le vide en dessous de moi. Je me sens mal. J’ai peur. Je prends une longue inspiration, il nous guide vers une petite plage abritée. Nous sommes à dix mètres du rivage. Il me regarde, sourit. Et me lâche. Je crie. J’appelle le feu. Je vole brièvement au ras des vagues et m’écrase sur le sable. J’ai senti le feu pousser. Propulser. Je pleure de soulagement. De peur. Je hurle sur Luam qui me regarde avec son sourire tranquille. Je tremble, nerveusement. Je mets du temps à me calmer. J’ai envie de hurler ma frustration et mon mécontentement. Mais son regard m’incite à me taire. Et progressivement, je retrouve mon calme. Je regarde autour de nous. Je ris et cours autour de nous en sautant partout.
Je fonce vers un arbre pour taper la discute. Je ris, je chante avec les oiseaux. Etre sur la terre ferme, quel bonheur ! Mais je dois cesser de virevolter. Nous avons à faire. Il nous invente une histoire. Et nous travaillons dans une petite ferme. Il sait qu’il va venir. Alors nous attendons en travaillant. Et moi je veille sur lui, qui est capable de chopper la moindre connerie qui traine dans l’air. Il a l’air si faible maintenant que je sens la vitalité folle du feu en moi.