Luna Cornec, une fille dans les étoiles mais les pieds sur terre

Je m’appelle Luna Cornec, brune, yeux verts, 1m75 pour 55 kilos,25 ans. Voici comment je me définirais si je ne me résumais qu’à des mesures. Malgré mon âge, je déteste les responsabilités et ne me comporte pas comme on l’attendrait d’une jeune femme de mon âge, et je l’assume pleinement. La vie d’adulte est trop compliquée. Etant née et ayant toujours vécu à Saint Malo, en Bretagne, et bien je suis française d’origine, une bretonne pure souche même et fière de l’être. Quand je dis que je suis dans la lune, c’est que c’est vraiment le cas. Je suis rarement sans un livre dans ma besace qui me suis partout. Ma lecture côtoie également un crayon et un cahier à spirale où j’écris mes idées. J’adore lire et écrire, et mon plus grand plaisir est de m’isoler au bord de la mer, me poser dans les falaises, face à la mer et m’évader en lisant ou en écrivant, bien installé entre deux rochers. Mais ça, je ne le fais que très peu car ma grand-mère qui veille sur moi depuis que je suis enfant, n’aime pas que je le fasse, elle a trop peur que je tombe et que sa seule petite fille se fasse du mal. Enfin, je dis que c’est ma grand-mère, mais en vrai, elle n’est rien pour moi, niveau lien du sang. Je suis née sous X et c’est elle qui m’a recueilli après plusieurs essais de grossesse sans résultats. Mais passons, c’est une autre histoire. Le fait est que je suis quasiment fusionnelle avec ma grand-mère, et que je n’ai manqué de rien pour grandir et m’épanouir. Et cet aspect de notre relation a été mis à mal quand j’ai voulu prendre mon envol, même si ma grand-mère a compris, et après que je lui ai promis de revenir très souvent.


Pourquoi il me choisirait moi, une vulgaire petite humaine ? Je ne sais pas, je vais réfléchir et vous dire ça, ne bougez pas. Alors, je dirais qu’il l’aurait fait pour ma curiosité de tout. Ne m’emmenez jamais, au grand jamais dans des endroits où on peut grimper car vous pouvez être sûre que je le ferais, et peu m’importe si je suis en robe et compensée, je monte de tout de même, juste pour le plaisir de monter et voir la nature sous un autre angle. Ainsi sur une plage où des rochers se jettent dans l’eau, et bien je marcherais dessus pour être au plus près de l’eau, allant à la limite de me faire mouiller les pieds, juste pour le plaisir d’être au bord de l’étendue maritime et l’observer. J’adore faire cela et quand j’étais plus jeune, ma grand-mère avait du mal à me faire revenir sur terre car je m’étais emmanchée sur une jetée de pierre, avait trouvé un énorme rocher où j’avais posé mon derrière et regardait les vagues venir se briser quasiment à mes pieds. Cette raison ne suffit pas ? Et bien l’esprit aurait pu me choisir car je suis une éternelle rêveuse, passant plus de temps dans mes livres et mes écrits que dans la vie réelle. A la maison nous avons une immense bibliothèque, pas le meuble hein, la pièce, et je suis très souvent dedans, à m’enivrer de l’odeur des livres, des craquèlements quand on les ouvre pour plonger dans leurs univers fantastiques, allant au point d’oublier de manger. En bref, je me satisfait de tout petit rien, la mer, des livres et je suis la plus heureuse des femmes.


Quelque part en Bretagne, une femme prend son bain. Son ventre est aussi rond qu’un ballon et elle sourit, attendrie. Elle ne connait pas le sexe de son futur enfant, avec son conjoint ils veulent la surprise. Et ils le sauront bientôt, la naissance est prévue pour dans quelques semaines. Enfin, ça c’est ce qu’elle pensait car elle est prise d’une violente contraction qui la laisse haletante. Et d’entre ses cuisses, s’échappe un filet d’eau trouble. Elle vient de perdre les eaux, et ça, ça ne sent pas bon du tout.
La femme appelle l’homme qui partage sa vie à l’aide, et le voilà qui accoure, tout paniqué. Elle lui explique la situation et il repart en trombe appeler les urgences. Le temps presse. Mais quand les secours arrivent, il est déjà trop tard, le travail a commencé et la future mère n’est plus transportable et dois donner naissance dans la baignoire. De toute façon si ce n’était pas dans la baignoire, ça aurait été dans l’ambulance car une heure plus tard l’enfant était venue au monde. Mais alors qu’on pouvait s’attendre à des larmes de joies, ce sont des larmes de chagrin qui coulent. Le futur père a pris peur et a demandé le divorce une fois que l’enfant était là. Il ne se sentait plus capable d’assumer cet enfant, et puis, elle n’était que sa maitresse, il a une femme qui l’attend donc il ne peut pas prendre en charge cet enfant. Il ne reconnait pas sa fille, prend ses affaires et quitte définitivement sa maitresse tout juste mère. Face à cela, la femme, dévastée, renonce à tout droit sur son enfant, sa fille naitra sous X. Bien sûr elle est informée du délai de deux mois pour la récupérer avant qu’elle soit mise à l’adoption ainsi que tout ce qui entoure cette décision, mais elle ne change pas d’avis, elle ne veut plus de cette enfant.
Quelqu’un doit appeler le service adéquat car bientôt une femme de l’Ase fait son apparition et repars avec l’enfant pour la mettre dans un organisme pouvant l’accueillir.


Quelques jours plus tard.

Une jeune femme monte l’allée menant à l’une des maisons de Saint Malo, un paquet de lange dans les mains. Les pouponnières de la région n’avaient pas de place pour l’enfant. Il avait donc été décidé par le Conseil de famille des pupilles de l'État ainsi que le préfet de la placer dans une famille d’accueil pour le délai de deux mois, si jamais sa mère changeait d’avis. C’était une veuve qui habitait dans cette maison, ayant perdu son mari il y avait un an. Durant des années, ils avaient essayé en vain d’avoir un enfant. Finalement la nature avait fait son œuvre et elle ne pouvait plus en avoir. Si la femme de l’Ase venait chez elle, c’était parce que elle avait été déclarée famille d’accueil il y avait cinq mois. Elle s’était déjà occupé d’enfant, mais tous avaient été repris par leur famille au bout de quelques semaines. Le service de l’enfance avait donc confiance en elle, d’où leur souhait de placer le nourrisson chez cette femme qui avait de l’amour à revendre.
L’Ase sonna à la porte et attendis que la propriétaire lui ouvre. Quand la porte s’entrebailla, elle regarda la veuve avant de suivant la Malouine dans son salon où elle prit la parole. Elle avait une voix sèche, stricte, professionnelle. Il ne fallait pas qu’elle s’attache au sort de l’enfant, ce n’était pas son rôle.

- Bonjour Madame Cornec, acceptez-vous de prendre cette enfant en tant que famille d’accueil.
- Bonjour Madame. Quel âge et quelle circonstance.
- Elle a à peine une semaine. Née sous X.

La veuve tendit les bras sans dire un mot et pris le paquet de lange pour le bercer avant de regarder sa visiteuse.

- Deux mois ?
- Oui deux mois. Et Maggy, n’oubliez pas, ne vous y attachez pas, vous savez très bien que les parents peuvent la récupérer à tout moment. Sa mère ne lui a pas donné de prénom, nous l’avons appelé Luna. Bonne journée.

Et c’est ainsi que la jeune femme repartit, laissant la veuve et l’enfant seule.


Deux mois plus tard.

Le délai pour les parents de récupérer l’enfant venait de s’épuiser. A présent elle était à l’adoption, ils n’avaient plus aucun droit sur elle. C’était la dénommé Maggy qui avait accueillis le bébé durant ses deux mois, s’en occupant comme si elle était sa propre mère, ou plutôt sa grand-mère vus leur différence d’âge. Et elle comptait bien continuer de s’en occuper en l’adoptant. C’est pour cela qu’elle se rendis à l’Ase, lieu où tout avait commencé pour demander à devenir la tutrice légale de Luna, demande auquel on accéda assez rapidement. En effet, Maggy possédant déjà l’agrément de famille d’accueil, l’Ase la connaissant déjà, la procédure d’adoption fut donc rapide et Luna devint officiellement Luna Cornec. Maggy Cornec ayant toujours voulu avoir un enfant sans jamais le pouvoir venait de devenir mère à cinquante ans.


« Luna, tu étais passé où encore. Tu sais bien que je n’aime pas que tu ailles sur la plage alors qu’on mange bientôt. Allez va te laver les mains, on va passer à table »

Maggy regarda sa fille adoptive qui était toute sableuse et trempée. Elle devait être aller jouer encore une fois sur la plage alors qu’elle savait qu’elle ne devait pas, passant bientôt à table. Cela faisait à présent 10 ans que les deux femmes vivaient ensemble. Luna avait grandi, s’épanouissant pour devenir une enfant espiègle qui adorait faire tourner en bourrique sa « grand-mère ». Et cela lui était très facile car la plage ne se situait qu’à 100 mètres de sa maison, et donc elle s’y rendait assez facilement, n’ayant qu’un chemin piétonnier à traverser. Quand certains enfants avaient des aires de jeu, des jardins pour s’amuser, Luna avait la plage tout entière comme terrain de jeu. Elle connaissait les limites, la mer. Elle la savait dangereuse et fourbe et que donc elle ne devait pas s’en approcher sans Maggy à ses côtés.


« Grand-mère, qui sont mes parents »

La question fatidique. Maggy l’attendait depuis un moment. Elle savait qu’un jour elle devrait y répondre. C’était fou combien Luna avait grandi depuis qu’elle était arrivée. Et maintenant elle avait 11 ans et s’interrogeait sur ses origines. Origine qu’elle avait le droit de connaitre. Maggy s’employa donc à lui expliquer dans des mots simples. Elle était née sous X, cela voulait dire qu’on ne savait pas qui était ses parents. Alors qu’elle n’avait que quelques jours, on l’avait confié à Maggy qui avait finis par l’adopter. Face à ses explications, Luna ne dit rien mais quitta la maison pour aller sur la plage. Quand elle revint, elle avait les joues trempées de larmes et du sable plein ses vêtements. Comme bien souvent, elle avait été cherchée du réconfort auprès de sa compagne de jeu, la mer. Et elle n’aborda plus jamais la question de ses parents.


« Grand-Mère, je vais lire sur les remparts. Je reviens dans quelques heures »

A peine Luna, 15 ans, eut elle prononcer ces mots qu’elle était déjà dehors à courir dans les rues, zigzaguant entre les touristes qui flânaient. Saint Malo était son royaume, et elle en était la reine incontestée. Certes, elles partageaient ce royaume avec les autres enfants de la ville, mais c’était son royaume tout de même. Riant, elle monta quatre à quatre les marches menant au tour de ronde et rejoignis l’espace vert, au pied de la statue de Jacques Cartier. Aujourd’hui c’est lui qui avait ses faveurs pour sa lecture, mais demain ce serait peut-être Chateaubriand ou même Surcouf, elle ne savait pas, en fonction de son humeur. S’installant près du monument, elle se plongea dans sa lecture, le Comte de Montecristo.


« Luna, tu sais que je n’aime pas te savoir sur les falaises, tu risques de te blesser »

En effet, la vieille dame venait de retrouver sa fille adoptive bien installée sur une pierre en train de regarder l’océan venir briser ses rouleaux plusieurs mètres plus bas. La jeune femme avait à présent 16 ans et une envie de tester ses limites. Et cela inquiétait Maggy, un accident était si vite arrivé, il valait mieux être prudente. Même si jusqu’à présent rien de fâcheux n’était arrivée. Mais d’un autre côté, elle n’avait pas le cœur à refréner les envies d’aventure et la curiosité de sa pupille. Depuis toujours elle était fascinée par la mer, et ce n’était pas maintenant que cela cesserait. Et si on la privait de son alliée liquide, qui sais ce qui se passerait, déjà qu’être cloisonnée à la maison quand elle était souffrante la rendait horrible à vivre, alors définitivement, ce serait l’horreur à la maison.


« Grand-mère, je pars »

Gloups de chez Gloups. Alors celle-là Maggy ne s’y attendait pas du tout. Elle avait bien vu que Luna aimait la mer, allant en permanence passer ses journées auprès de celle-ci, que ce soit sur la plage, sur les pierres se jetant dans l’eau ou même dans les falaises. Alors qu’elle lui annonce qu’elle partait, loin de l’étendue salée qu’elle adorait, voilà qui la surprenait. Mais pourquoi faisait-elle cela, n’était-elle pas heureuse avec elle ? Et puis qui allait s’occuper d’elle maintenant que sa pupille partait. Elle approchait de ses 75 ans maintenant la pauvre Maggy. Non, elle ne comprenait vraiment pas la décision de Luna. Mais elle l’a laissa tout de même partir après lui avoir fait promettre de revenir en cas de problème ou même pour rendre visite à sa pauvre grand-mère.

Je ne quitte pas la mer de mon plein gré, il va falloir venir me chercher



Non


Un petit faucon m’a trainé ici à l’aide de cookies et j’ai été pris dans vos filets. C’est tellement beau que je suis resté ^^ Il y a juste un hibou qui me perturbe, mais sinon ça va, je vous aime bien et je suis trop pressé de vous rejoindre de l’autre côté de la barrière.