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    Au pied d'un arbre.

    Sigurfinnur Lokison
    Au pied d'un arbre. > Mer 11 Nov - 15:27:37
    Sigurfinnur Lokison 
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    Remercions les esprits.

    Assis à une centaine de mètres de l'arbre sacré, un jeune homme s'était posé en tailleur, yeux fermés. Communion avec la nature, que les formateurs disaient. Ces personnes qui étaient là depuis suffisamment longtemps pour bien connaître les esprits, savoir comment le tout marche. Et cela marchait par communion avec la nature. A vrai dire, Sigurfinnur n'y croyait pas réellement pour l'instant.. Non pas que c'était impossible, bien des choses supposées impossibles s'étaient révélées possible depuis cet étrange rêve. Juste qu'il ne pensait pas en être réellement capable pour l'instant. Et une voix qui, parfois, résonnait dans sa tête à n'importe quel moment, parfois même pendant son sommeil, pendant ses rêves. Lui indiquant de faire telle ou telle chose. D'aller à tel ou tel endroit. Mais pour l'instant, la discussion était plutôt à sens unique. Et les actions n'étaient pas toujours évidentes non plus. Pourquoi donc devait-il acheter une glace italienne, et spécialement parfum vanille-fraise? Ce n'était pas un parfum qu'il appréciait réellement. Mais quelques minutes plus tard, sur son chemin, se trouvait un enfant qui pleurait. Et une glace qui n'allait pas tarder à fondre dans sa main. Pas de signe, pas de voix à ce moment là, donner la glace à l'enfant était donc peut-être la meilleure chose à faire.

    Et Sigurfinnur n'avait absolument aucune idée de si c'était la chose à faire ou non. Mais il n'avait pas vraiment envie de manger cette glace à la fraise de toute façon.

    Le voilà donc en quête de questions avec les esprits. Dans un coin tranquille, plutôt seul, à l'ombre d'un arbre à une centaine de mètres du grand arbre. Personne d'autre à côté à une vingtaine de mètres à la ronde. Un silence quasiment absolu, rompu uniquement par le bruit des feuilles qui s'entrechoquent par le léger vent. Peut-être quelques gazouillis d'oiseaux au loin. Et si on s'approche vraiment beaucoup, on peut entendre une respiration calme de la part de cet homme assis, tentant de faire le vide dans son esprit pour pouvoir vaguement atteindre un état d'illumination, ou du moins un état suffisant pour pouvoir communiquer avec l'autre voix qui parfois lui donne des ordres aléatoires. Dix minutes. Vingt minutes.

    Les formateurs l'avaient prévenu. Cela pourrait prendre du temps, l'esprit n'a pas toujours envie de discuter avec les nouveaux venus. Mais attendre patiemment et l'esprit viendra à lui. Attendre tranquillement, sans forcer, sans s'énerver. La patience était une vertu généralement reconnue par les esprits et inclinaient ces esprits à répondre. Voilà pourquoi Sigurfinnur attendait, sans bruit, seul, au calme. Sans vraiment prendre conscience de ce qui se passait aux alentours. Sans vraiment se soucier de si des gens passaient par là ou non. Tant qu'il n'y avait pas une voix qui s'adressait à lui, il n'y avait pas grand chose à faire, mis à part attendre et voir ce qui se passerait. Du moins, c'est ce que les formateurs lui ont conseillé. Du moins, c'est ce qu'il avait envie de faire jusqu'à ce que la position lui soit trop inconfortable.
    Charity Lunoë
    Re: Au pied d'un arbre. > Mer 11 Nov - 20:15:19
    Charity Lunoë 
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    La forêt m'avait accueillie à bras ouverts, c'était du moins l'impression que j'avais. Je devais admettre avoir mis du temps avant de comprendre que quelque chose n'allait pas chez moi. Entre la fatigue due aux insomnies – qui n'étaient pas tout à fait des insomnies d'ailleurs – et cette voix qui allait et venait dans ma tête comme si c'était chez elle, j'aurais vraiment dû le comprendre plus tôt. Mais non, il avait fallu que j'entre dans un parc public et m'arrête au bout de trente minutes à y marcher en me demandant ce que je faisais là. Oui, ridicule, hein ?

    J'avais donc pris mes clics et mes clacs et je m'étais rendue là où je sentais que je devais aller. Je venais d'arriver, j'avais encore croisé personne, mais je savais qu'il y avait du monde dans les environs. Si ça se trouvait ils étaient tous en train de m'observer au travers des arbres, je frissonnai. Il ne fallait pas que je pense à ce genre de trucs où je ne dormirais pas cette nuit. Pour ce que je dormais de toute manière ces derniers temps. Et puis il fallait que je me concentre pour pas me casser la figure sur les racines et feuilles en décomposition qui jonchait le sol, comme dans toutes les forêts que je connaissais. J'avais pas pris mes valises dans l'immédiat parce que je ne savais pas où j'allais, au cas où je les avait laissées prêtes à partir dans ma voiture.

    C'était très silencieux autour de moi, comme un sentiment d'attente qui me mettait mal à l'aise. En même temps, pour la première fois depuis deux semaines, je me sentais tranquille, en paix avec moi-même. J'avais été particulièrement insupportable ces derniers jours avec mon frère et mon père. Je crois qu'ils n'étaient pas mécontents d'apprendre que je partais m'aérer l'esprit quelque part. Je ne leur avait pas dit où. Je l'ignorais moi-même. Ils avaient été trop gentil d'accepter de s'occuper de Lardon, Plouc et Marcel, il faudrait que je leur offre un restaurant en revenant, pour les remercier.

    J'étais donc là, dans cette forêt et je marchais vers ce que je pensais en être le centre, poussée par je ne sais quelle envie bizarre. Je soupirai en levant le nez, regardant la voûte de feuilles se balancer dans une brise que je ne sentais pas. Et je continuai d'avancer.

    Ce ne fut donc pas une surprise si grande de soudain me retrouver face contre terre. En grommelant dans ma barbe des insanités, je me relevai et enlevai toutes les saletés qui s'étaient accrochées à mes vêtements. J'avais emprunté ce smoking à mon frère, j'avais pas envie qu'il soit tâché, vu qu'il était pas au courant. En plus il m'allait bien, de fait je voulais encore moins l'abîmer.

    Je détachais enfin les yeux de mes vêtements – à peu près propres – et me rendis compte que je me trouvais face au plus grand arbre que j'avais jamais vu de ma vie. Ahurie et fascinée, je restai figée face à lui comme une enfant face à un adulte bienveillant.

    Au bout d'un long moment, je détournai les yeux, comme gênée et j'observais les alentours. Rien de bien différent, si ce n'était cette petite tâche de couleur près d'un arbre plus loin. Curieuse, je m'en approchais – en faisant attention à mes pieds cette fois-ci. C'était un homme, plutôt banal en somme sauf qu'il était assis en tailleur au pied d'un arbre, les yeux fermés. Comme si c'était normal. Je me sentis brusquement agacée et en même temps, je n'avais pas envie de le déranger. Mais j'étais pleine de questions, et j'avais de je ne savais quelle manière évité tout les gens du coin, sauf lui. Du coup je m'adressais à lui.

    « Dites... On est où ici ? » demandai-je d'une voix qui me parut étrangement étouffée.

    Je me sentais ridicule de parler à un gars qui pouvait tout aussi bien être endormi. Mais il fallait au moins que j'essaie.
    Sigurfinnur Lokison
    Re: Au pied d'un arbre. > Mer 11 Nov - 22:48:49
    Sigurfinnur Lokison 
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    Tout vient à point à qui sait attendre.

    Cela faisait un moment que Sigurfinnur attendait. Lui même ne savait pas vraiment ce qu'il attendait, mais il attendait. Il attendait probablement qu'une voix vienne lui parler. Qu'une voix vienne répondre à ses questions, et ce sans donner des ordres. Remarque, il pourrait très bien donner des ordres aussi, cela ferait un début de contact. Et une négociation. Après tout, généralement, le jeune homme avait été plutôt conciliant, mais n'avait jamais eu de retour réel. Rester en communion avec la nature était tout de même plutôt difficile. Car cela impliquait de se battre contre un ennemi qui reviendra toujours, quoi qu'il arrive. Un ennemi nommé ennui. Source de bien des maux. Un ennui généré par la soif de mouvement, par la soif de nouveauté. Et se détacher de cet ennui... n'était pas bien facile. L'ennemi était puissant. L'ennemi était coriace. Un adversaire qui frappait là où cela faisait mal, là où on ne s'attend pas. Un adversaire extrêmement difficile à combattre. Sigur ne savait absolument pas combien de temps il tiendrait.

    Puis vint la salvation.

    « Dites... On est où ici ? »

    Enfin, la voix avait parlé! Une voix plutôt douce, légèrement hésitante et un poil étouffée. Mais une voix que le jeune homme trouvait tout de même agréable. Cependant, un petit détail mit un léger doute dans l'esprit de l'islandais. Ce n'était absolument pas la même voix que la voix qui habituellement lui parlait, lui donnait des ordres, lui donnait des conseils, lui disait parfois des phrases totalement aléatoires digne des plus grands philosophes ou des personnes dont le taux d'alcoolémie a dépassé la vitesse maximale autorisée en route de campagne. Peut-être n'était-ce pas son esprit habituel? Peut-être était-ce un esprit de passage qui cherchait son clan mais qui s'était perdu dans le chemin? Après tout, du peu qu'il connaissait les esprits, il les voyait très mal utiliser de la géolocalisation par satellite. Surtout s'ils voyagent d'âmes en âmes. Mais bon, ce n'était pas parce que ce n'était pas le sien qu'il ne fallait pas être poli.

    "Dans le cerveau de votre serviteur, Sigurfinnur L... L... Mince, c'est quoi déjà mon nom?"

    Curieux. Un instant de gêne certain s'installa. Sigurfinnur avait du mal à se rappeler de son nom de famille. Cela commençait par un L. Quelque chose comme ça. Mais bon, prendre cinq bonnes minutes pour réfléchir n'était pas une bonne idée. Après tout, si cet esprit n'était pas le sien, mais qu'il venait lui demander, c'est que normalement, il cherche quelqu'un d'autre. Un formateur serait probablement plus à même d'aiguiller vers la bonne personne. Cependant, quel formateur indiquer? Il y avait cette personne rousse, dont les charmes ne laissaient pas Sigurfinnur insensible. Il y avait aussi cette personne robuste, aux cheveux en dreadlocks, à qui Sigur n'avait jamais parlé non plus.  Peut-être que s'il savait de quel esprit la voix s'agissait, il pourrait mieux aiguiller?

    Et à ce moment là, Sigurfinnur ouvrit les yeux. Et se rendit compte que la voix n'appartenait pas à un esprit. Mais à un ange.

    "Oh. Euh. Je... Vous... Désolé. Je vais probablement simplement m'enterrer de l'autre côté de cet arbre."

    Réflexion faite, si c'était un esprit, il avait répondu à sa question. Mais puisqu'en l'occurrence, la voix appartenait à une jeune femme... Ou un homme extrêmement androgyne... Plutôt une femme, avec sa chance légendairement absente. Mais bref. Il n'avait donc absolument pas répondu de manière suffisante.

    "Vous vous trouvez actuellement près du grand arbre sacré, qui... Apparemment... A un lien avec les esprits qui parfois nous donnent des informations ou des ordres étranges. Un lieu où les esprits sont censés être plus présents, plus joignables... Quelque chose dans le genre."
    Charity Lunoë
    Re: Au pied d'un arbre. > Mer 11 Nov - 23:54:32
    Charity Lunoë 
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    Il garda les yeux fermés et je me sentis vraiment vraiment idiote de le regarder statique et en tailleur sur le sol. Je soupirai et m’apprêtais à faire demi – tour quand il parla. Complètement abasourdie, je le fixai sans rien faire. Il avait un sérieux problème dans sa tête celui – là ! Il croyait parler à qui ? A grand mère feuillage ? Cet endroit était décidément trop bizarre pour moi. Je devais vraiment me carapater dans ma voiture et filer aussi vite que le vent. Rentrer chez moi et jeter au diable toutes ces bêtises de voix et d'insomnies. J'allais me faire soigner et tout irait bien dans le meilleur des mondes.

    Et pourtant, je ne bougeais pas. Je le fixai, dépitée et complètement à l'ouest. Comme si je m'attendais à ce qu'il se lève soudainement pour faire des cabrioles. Mais il ouvrit simplement les yeux. Et perdit toute contenance. Au moins il se rendait compte qu'il s'était ridiculisé. C'était déjà ça, la première preuve de santé mentale qu'elle voyait pour le moment.

    Et il s'empêtra dans ses explications, il ne semblait même pas sûr de ce qu'il disait comme s'il n'y croyait qu'à moitié. Le Grand Arbre Sacré, je me retournai brièvement pour jeter un coup d’œil au mastodonte végétal qui se tenait derrière moi. Je hochai la tête. Mais fronçai les sourcils quand il parla des esprits. Les voix, La voix... Je comprenais mieux certaines choses, mais moins encore d'autres... Je soupirai. J'en avais marre, un point c'est tout !

    « Je vois... Et est-ce qu'il y a quelque chose de concret que vous pouvez m'expliquer ? Comme le fait que je me sois retrouver ici sans vraiment chercher à y être ? Non parce que vous voyez, hier j'étais encore bien dans mes baskets, puis brutalement j'ai fais mes valises et je suis partie à perpet' les oies pour me retrouver dans une forêt étrange avec des mec bizarres qui méditent au pieds des arbres. » débitai-je avec humeur.

    Non mais sans blague ! Je devais me taper tout ce chemin dans des bois plus ou moins accueillants pour me retrouver avec des explications complètement ridicules sur les problèmes qui me touchaient actuellement ! Sans rire ? Je pris brusquement une grande inspiration. Ne pas s'énerver, il n'y était pour rien si des tarés lui avaient conseillé de s'asseoir ici pour parler, ou attendre, je ne savais quoi. Mes paroles me revenant en tête, je grimaçai. Bonjour la politesse, la subtilité et le tact...

    « Euh... Pardon. Je n'aime pas particulièrement me faire mener en bateau comme ça et ma frustration vous est retombée dessus. Si vous voulez bien m'excuser... » dis-je d'un air que j'espérais un minimum contrit. Parce qu'en vrai, j'en avais rien à faire que ce soit tombé sur lui ou un autre, il fallait bien que ça tombe sur quelqu'un. Mais ça me donnait bonne conscience vis à vis de mon éducation de m'excuser ainsi, et puis s'il n'y avait que ça à faire. C'était pas grand chose, deux trois mots lancés, sitôt envolés !

    « Bref ! » repris-je ma voix ayant retrouvée toute son assurance. « Moi c'est Charity, et donc vous êtes Sigurfurnnir ? C'est ça? » demandai-je en hésitant sur ce nom qui sonnait étrangement dans ma bouche. « Ça vient d'où comme nom ? Vous êtes étranger ? » enchaînai-je.
    Sigurfinnur Lokison
    Re: Au pied d'un arbre. > Jeu 12 Nov - 7:21:34
    Sigurfinnur Lokison 
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    Peu à peu, les sentiments s'ouvrirent.

    L'ennui, c'était que là, tout de suite, les sentiments perçus étaient un grand mélange de colère, d'énervement, de lassitude et de sarcasme. Autrement dit, ce n'était pas vraiment la meilleure des combinaisons pour pouvoir commencer gaiement une conversation. Sigur serra tout de même un peu les dents. La situation que la demoiselle en face de lui expliquait avec panache lui était extrêmement familière, puisqu'il était un peu dans la même situation. Non, pas qu'un peu, en fait. La seule différence, c'était que lui était déjà en train de méditer au pied des arbres au lieu d'en rencontrer. Et c'était exactement le même genre de questions que le jeune homme voulait poser aux esprits, à la voix qui lui parlait parfois. Donc ce n'était pas vraiment lui le mieux placé pour y répondre.

    Après tout, ce n'était pas comme s'il en était responsable, si? Ce n'était pas sa voix qui avait été envoyée dans l'esprit de la demoiselle. Enfin. Non. Il espérait que non. Elle le lui aurait déjà fait remarquer, théoriquement, si c'était le cas. Mais n'avait-il vraiment aucune part de responsabilité là dedans? Une pensée rationnelle pourrait tout de suite répondre qu'évidemment non. Mais tant de choses spirituelles, occultes et magiques étaient arrivées que peut-être qu'il pouvait y être pour quelque chose, en fait, même si cette possibilité semblait à la fois tordue, infime et ridicule. La seule chose qu'il pouvait faire, en tout cas, était d'adresser un sourire. Après tout, cela ne coutait rien, et peut-être qu'avec un peu de chance, la conversation prendrait une tournure un peu moins survoltée.

    "Si frustration il y a, ce n'est jamais bon de la laisser gardée en soi. Mieux vaut que tout cela sorte d'un coup, plutôt que d'accumuler cela petit à petit et de perdre peu à peu définitivement le sourire. Vous êtes donc toute pardonnée."

    Et voilà qu'il commençait à parler émotions et état psychique. Se prenait-il pour un psy ou un truc du genre? En était-il un, d'ailleurs, à la base? Probablement non. Problablement non, parce qu'il n'était pas habillé comme tel et qu'il n'avait pas un joli divan. Mais... Non, Sigur savait que la majorité de son emploi était lié à la création de solutions informatiques. Mais était-ce un passe-temps qui lui arrondissait ses fins de mois ou son véritable emploi? Etrangement, il lui était impossible de répondre à cette question. Depuis que la voix avait commencé à lui parler, depuis ce rêve étrange, Sigurfinnur avait du mal à répondre à pas mal de questions simple. Cela lui revenait, parfois... Mais parfois, seulement beaucoup plus tard.

    "Sigurfinnur. Mais vous pouvez m'appeler Sigur. Ou comme vous voulez, en fait. Cela vient de... Zut, d'où est-ce que je viens, en fait? Bon, les consonnances semblent plutôt nordiques. Peut-être l'Islande, en fait."

    Le jeune homme n'arrivait même plus à se souvenir de ses propres origines. Serait-il vraiment atteint d'Alzheimer à un si jeune âge? Après tout, ça, c'était plutôt une maladie quand on atteignait la soixantaine ou quelque chose comme ça, non? Et Sigur avait à peine la vingtaine... Cela semblait donc peu probable. Plutôt un tintouin mystique qu'une maladie de vieux, Sigur l'espérait de tout coeur. Mais bon. Peut-être était-ce donc là maintenant à son tour d'exprimer ses sentiments, et de montrer des sentiments similaires à ceux qu'elle venait de présenter.

    "Voyez-vous, je ne sais même pas d'où est-ce que je viens réellement. Je sais que dans le cadre d'un petit boulot, j'ai du modifier le système informatique d'un navire en étant dessus, pendant qu'il naviguait, et au lieu de faire le retour, une force m'a poussé à rester sur cette terre. Je suppose qu'on est en France, si je ne me trompe pas. Et je ne parle pas un mot de français, mais pourtant, je vous comprends comme si vous parliez ma langue natale. Et je ne sais même pas laquelle c'est. J'ai donc à mon avis autant de questions que vous, sinon plus encore, mais à priori, la majorité de vos questions sont aussi les miennes. Et c'est pour y répondre, que des personnes étranges m'ont conseillé de m'asseoir ici et de prier, de méditer, ou un truc dans le genre. Depuis je ne sais plus combien de temps, et sans succès. Le seul succès que j'ai eu jusqu'à présent..."

    Sigurfinnur voulait enchainer sur le fait qu'il ait des fourmillement dans le postérieur, mais cela n'était peu convenable. Un soupir, un sourire, et le jeune homme s'était légèrement calmé.

    "... C'est d'avoir eu la chance et le plaisir de pouvoir vous rencontrer."
    Charity Lunoë
    Re: Au pied d'un arbre. > Jeu 12 Nov - 16:20:11
    Charity Lunoë 
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    J'avais un peu l'impression qu'il se moquait de moi avec son petit sourire et tout, mais en même temps, je n'avais aucun mal à le croire sincère. Ses manières et ses yeux perdus et agacés quand il perdait ses mots étaient de bons indices. Je penchai la tête et acquiesçai quand il supposa venir d'Islande. Il semblait complètement à l'ouest, mais je pouvais difficilement lui jeter la pierre dans l'état actuel des choses.

    Bon, lui aussi avait décidé sans vraiment décidé de venir ici, sauf que c'était complètement différent, il était carrément un étranger. Je me demandais comment j'aurais réagi si j'avais dû m'exiler comme ça pour venir ici, j'aurais été perdue et encore plus désagréable à mon avis. Je n'aimais vraiment pas me faire mener par le bout du nez, et les esprits – ou quoi que ce puisse être – le faisaient à mes dépends. Je devrais leur crier ma rage, mais au final, je me rendis compte que ce n'était pas tant de la colère que de l'agacement. Le genre d'agacement que l'on ressent face à un enfant un peu lent à la détente.

    Cette réalisation faite, il me fut plus facile de compatir – enfin du mieux que je pouvais en me forçant – à ce que me racontait l'homme en face de moi.

    Il hésita dans sa dernière phrase et je souris, essayant d'imaginer ce que j'aurais dit à sa place, en fait, j'étais fatiguée, et je n'avais pas envie de continuer cette conversation en étant plus haute que lui, c'était désagréable et pouvait facilement me faire passer pour snob. Sauf qu'il était absolument hors de question que je m'asseye sur le sol humide de la forêt. Je me crispai de dégout rien qu'à y penser. En soupirant, je m'accroupis à sa hauteur, c'était un bon compromis.

    Et il fallait bien continuer la conversation parce qu'il avait soulevé un point intéressant.


    « Vous êtes sûr que vous ne parlez pas français ? Parce que je suis sûr que c'est ce qui sort de votre bouche, à moins qu'il y ait une sorte de traducteur automatique intégré dans les « trucs » que les « voix » nous envoient, je ne comprends pas. » remarquai-je.

    Je réfléchis quelques instants.


    « Et quand vous parlez de personnes étranges, où sont-elles ? Je n'ai croisé personne avant vous et pourtant j'ai l'impression d'avoir marché des heures dans cette fichue forêt. Je m'y sens bien mais en même temps, non. C'est super bizarre, j'ai l'impression d'avoir des problèmes d'hormones H24… Vous avez eu quels genres d'ennuis vous avez ces esprits ? » demandai-je curieuse.

    Si j'avais eu mon bloc note avec moi, je l'aurais sorti pour prendre des notes, je m'étais rendu compte dernièrement qu'écrire tout ce qui pouvait être considéré, noté, ou compris plus tard m'aidait à me recentrer sur le problème et à accumuler des détails qui finissaient par s'assembler dans ma tête comme un puzzle. Mais pour cela, je devais écrire. Je sentais que j'allais me poser ce soir dans un auberge ou n'importe quoi et que j'allais noter tout ce qu'il s'était passé dans la journée dans les moindre détails pour tout analyser plus tard. Ce serait plus productif que de me triturer l'esprit tout de suite alors que je devais me concentrer pour ne rien manqué de ce que l'autre, Sigur si j'avais bien compris, disait.
    Sigurfinnur Lokison
    Re: Au pied d'un arbre. > Jeu 12 Nov - 22:22:01
    Sigurfinnur Lokison 
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    Mais quel manque de convenances!

    Continuer la conversation ne pourrait se faire efficacement que si les deux personnes étaient au même niveau. Et voyant la demoiselle s'accroupir devant lui, le jeune homme se sentit légèrement gêné. Voyant que cette gêne semblait légèrement réciproque, l'islandais tenta de se relever. Tenta. Ayant négligé les forces de frottement et surtout la paralysie légère engendrée par une position inconfortable constante pendant quelques temps, Sigurfinnur perdit l'équilibre. Chutant donc lamentablement sur le sol en laissant échapper un petit cri. Mais ce n'était pas très grave. Après tout, ce qu'il voulait faire, après être resté assis aussi longtemps, était de bouger. Profitant donc du fait qu'il soit au sol, Sigur tendit le bras pour attraper son sac derrière l'arbre. Puis le jeune homme se leva, s'adossant contre l'arbre, concentré sur le contenu de son sac.

    Et d'un grand geste, Sigurfinnur en sortit un grand torchon. Une serviette. Un truc du genre, carré, à carreaux bleus et blancs, idéal pour pique-niquer dessus. Quelque chose donc qu'il étendit devant lui pour pouvoir s'asseoir dessus. Quoique, réflexion faite, son pantalon était déjà relativement sale et l'herbe n'était pas si humide que cela. Donc autant continuer à s'asseoir de son côté sur l'herbe. Histoire d'être plus proche de la nature, ou un truc du genre. Mais au moins, le torchon était posé, la demoiselle n'était donc plus obligée d'en faire de même. Le revoilà ainsi de nouveau assis en tailleur. Cette fois ci, Sigur n'attendra que 30 min avant de se relever et recommencer.

    "Oui, je ne parle pas un mot de français. De plus... Je ne parle pas non plus un mot d'arabe ou de portugais. Et pourtant, il m'avait semblé avoir entendu ces deux langues, et de les avoir parfaitement comprises. Connaissez-vous l'histoire de la tour de Babel? Evénement improbable, scientifiquement impossible, mais si cela se trouve... Il y a peut-être du vrai là dedans."

    Soupirant et réfléchissant à d'autres théories, Sigurfinnur regarda les alentours. Hmmm? Sa vue était encore relativement bonne, mais pourtant, le jeune homme ne vit plus personne, excepté la ravissante blonde devant lui. Où est-ce que les gens étaient passés? Il y avait pourtant au moins trois ou quatre personnes là dernière fois qu'il avait ouvert les yeux. Peut-être avait-il trop trainé, et ainsi, étaient-ils partis en pause déjeuner. Ou alors étaient-ce les esprits qui s'amusaient à leur jouer un tour? C'est vrai qu'à force d'attendre, peut-être que l'islandais avait attiré leur attention.

    "En allant auprès de l'arbre sacré, deux personnes sont venues me voir. Je leur ai posé des questions, ils ont souri et m'ont répondu que les esprits me répondraient. En me disant d'entrer en communion avec la nature. Je me suis mis à l'écart, et vous connaissez la suite. Peut-être qu'en approchant l'arbre, vous les rencontrerez aussi. Mais vous risquez fort d'obtenir les mêmes réponses que moi."

    Ou peut-être que non. Après tout, dépendant de l'interlocuteur, une personne peut être amenée à obtenir des réponses différentes pour la même question. Peut-être aurait-elle plus de chance que lui? Mais après tout, ce qu'il avait fait pour l'instant n'était pas encore si difficile. Peut-être qu'il fallait obtenir un déclic, une réponse philosophique qui lui permetrait alors de tout comprendre sous un autre angle. Mais pour l'instant, il n'avait pas de recul, juste de l'ennui brut. En gros... Pour l'instant que des ennuis et peu de bénéfices.

    "Vous voulez dire, outre l'insomnie, les ordres parfois donnés à quatre heures du matin, le fait de m'avoir envoyé dans un pays où je comprends ce que les gens disent mais que j'ai sacrément du mal avec ce qui est écrit et cette foutue amnésie qui me fait oublier jusqu'à mon nom de famille? Ceci étant dit, sans les esprits, je serais probablement enfermé chez moi, à ne jamais découvrir le monde et à me satisfaire d'un quotidien répétitif et sans grand défi. Bien que j'aurais préféré qu'on me pose la question d'abord avant de me lancer directement dedans."
    Charity Lunoë
    Re: Au pied d'un arbre. > Jeu 12 Nov - 23:38:59
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    Il tomba, mais pas une chute toute mignonne, plutôt le genre que l'on revoyait en vidéo en maudissant le salopiot qui l'avait filmée. Je dus me retenir d'éclater de rire. Mais comme il eut la délicate attention de déplier une sorte de nappe sur le sol plein d'humus pour que je m'y assoie, je ne dis rien, ni ne ris. C'était le minimum de respect quand même. Il ne s'était même pas assis dessus. Je ne me fit pas prier en tout cas parce que je commençais à fatiguer en position accroupie comme ça...

    Je hochai la tête. Je connaissais la Tour, qui ne connaissais pas ? Mais mieux encore, j'avais dû faire des recherches durant mes études sur le sujet du coup, je m'étais passionnée pour cela et toutes les théories assimilées.

    « Scientifiquement impossible certes, mais c'est un bel idéal et c'est surtout une métaphore. Or, ce que nous vivons, si j'en crois ce que vous avez dit et mon expérience, c'est concret, réel et il y a sûrement une explication à cela. Bien que je doute qu'elle nous paraisse rationnelle. »

    Je grimaçai, déjà ces histoire d'esprits et tout... J'avais jamais été très connectée au monde réel enfant, j'étais toujours dans mes rêves et mes histoires inventées. Mais j'étais désormais plus... pragmatique et bon, ces délires actuels qui tournaient dans le coin. J'avais beau être dans le grand bain, j'avais beaucoup beaucoup beaucoup de mal à y croire sérieusement. Je fronçai les sourcils en l'écoutant. Si ça se trouvait, les esprits contrôlaient ma vie encore plus profondément que je ne le pensais et ils m'avaient guidés ici pour répondre à ses questions. Le truc le plus débile du monde puisque j'étais miss question sans réponses là. Je grognai.

    « Et ben s'ils me répondent pareil, je les envoie chier et je me casse, parce que ça va bien cinq minutes les conneries. » dis-je avec un peu trop de vulgarité par rapport à d'ordinaire. Mais vraiment, ça commençait à suffire. En fait, c'était déjà trop pour moi. Je n'étais pas ce qu'on pourrait appeler d'un naturel patient.

    Je le fixai un instant, impressionnée par sa tirade. En fait sa situation était pire que la mienne par bien des aspects. Ne serait-ce que parce que j'étais à environ deux heures de route d'ici alors que lui, il devait supposément traverser l'océan. Que j'étais dans mon pays natal mais que lui se retrouvait à devoir parler un autre langue que celle qu'il connaissait, sans savoir pourquoi... Et d'autres choses encore. Enfin bref, sous tout les aspects, sous tout les points de vue, du mien ou du sien, c'était la merde ici, mais on sentait qu'on avait pas le choix. Et c'était le pire de tout. Surtout pour moi : j'ai toujours eu le choix, j'abhorrais l'idée qu'on m’enlevât mon libre arbitre de quelque manière que ce soit. Je frissonnai.

    « Et bien, un sacré périple, des sacrés ennuis. Je compatis. Personnellement, j'en suis juste arrivé à un stade où je n'étais nulle part tranquille, rassurée et sereine, sauf dans une forêt. Quel sens de l'humour exaspérant ! Si humour il y a quelque part dans ce bazar... » remarquai-je avec lassitude. « Peut-être qu'ils sont persuadés de nous faire une faveur avec les voix et tout, mais qu'on est pas encore assez... éveillés pour en saisir tout les points positifs ? » me demandai-je à haute voix.
    Sigurfinnur Lokison
    Re: Au pied d'un arbre. > Ven 13 Nov - 7:15:57
    Sigurfinnur Lokison 
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    Un idéal et une métaphore. C'est aussi vaguement ce que Sigurfinnur avait pensé, autrefois. Mais aujourd'hui, avec ce qui lui était arrivé, le jeune homme n'en était plus aussi sur. Comment pouvait-il comprendre ce que toutes les autres personnes disaient, alors qu'il était persuadé de parler sa langue natale avec les autres, et qu'il était sur et certain que ce que parlaient les autres n'était pas sa langue natale, mais apparemment le français? Et la tour de Babel pouvait répondre à cette question. Sauf qu'il y avait un détail qui ne collait pas. Des esprits, il y en avait plusieurs. Suffisamment pour former plusieurs clans. Or, le mythe de Babel était au contraire relaté par des religions monothéïstes. Difficile donc de voir qu'est-ce qui était vrai ou non, mais cela ne l'empêchait pas de penser.

    "Maintenant, corrigez-moi si je me trompe. Mais dans cet idéal, tout le monde parlait la même langue et s'était associé pour construire un édifice dont le but était de défier la ou les divinités. Et pour empêcher la construction, chaque personne s'était retrouvée à parler une langue différente, empêchant ainsi toute coordination et semant la discorde, entrainant la chute de la tour. Maintenant, si c'est réellement ce qui s'est passé, prenons l'affaire dans l'autre sens. Comment est-ce que les divinités ont réussi à le faire?

    Le langage. La clé doit être dans la langue. La parole est un don merveilleux, qui est le pouvoir de transformer les idées, les concepts, en objets sonores pouvant être percus par les autres, puis retransformés en idées. Maintenant, imaginez que les esprits, au moment de Babel, aient eu l'idée de mettre à chacun une bride identitaire sur chaque personne? Que chaque idée devienne une idée personnelle avant d'être devenue un objet? Et cela pour nous séparer. Mais aujourd'hui, les esprits manquent de forces et cherchent à nous rassembler, pour qu'on puisse faire preuve de la même coordination qu'autre fois, en faire sauter la bride identitaire. C'est comme cela que je comprends chacun, que je comprends ce que vous dites. Mais ce n'est que ma théorie."


    Un petit rire s'échappa de Sigurfinnur quand il entendait son interlocutrice répondre sommairement de sa réaction si les personnes connaissant les esprits lui donnaient une réponse similaire à celle qu'il avait reçue. Lui aussi aurait voulu en faire de même, lui aussi avait été tenté de le faire. Mais ce genre de comportement ne permettait pas vraiment d'avancer, et au fond, il n'aurait probablement pas eu d'autres choix que de s'y résoudre à un moment ou à un autre. Cependant, Sigurfinnur admirait beaucoup sa franchise. Cela nécessitait tout de même une certaine quantité de courage dont il savait qu'il n'atteignait pas le niveau.

    Et la demoiselle soulevait un point assez intéressant. Un manque d'éveil. Peut-être qu'il fallait se réveiller un peu plus encore. Mais comment? Il fallait un déclic. Et pour cela, il fallait imaginer une théorie à suivre pour pouvoir y arriver. Comment s'éveiller davantage alors qu'on sait pertinemment que c'est impossible?

    "Permettez-moi d'émettre de nouveau une théorie. Si nous ne sommes pas assez éveillés... C'est peut-être par manque de foi. On nous a appris depuis tout petit ce qui était impossible, on nous a mis dans le cerveau que c'était impossible. Peut-être que le premier contact était pour nous permettre de comprendre que c'était possible, et que progresser était en fait d'accepter peu à peu que ce monde dans lequel nous avons été kidnappés est possible. Après tout, si on pense qu'une chose est impossible, c'est que l'on se met une bride pour dire que non, on ne réussira pas, donc on ne risque pas de réussir. Mais si on lâche cette bride, ces préconceptions, cela ne permettrait pas des avancées révolutionnaires? Bon nombre d'avancées même scientifiques ont pu être réalisées parce que les scientifiques avaient lâché leurs préconceptions sur un domaine pour se rendre compte que leurs préconceptions n'était pas vraies..."

    Et, d'un coup, en finissant de dire cette phrase, Sigurfinnur commença à rougir. Mais à rougir sévèrement. Il n'y avait rien de magique à cela, cependant. Enfin, si. Simplement qu'il avait enfin réussi à entendre la voix qu'il espérait entendre depuis le début, mais cette voix ne lui avait pas exactement dit ce qu'il souhaitait entendre...

    "Non... Je..."
    Charity Lunoë
    Re: Au pied d'un arbre. > Sam 14 Nov - 22:24:26
    Charity Lunoë 
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    « Se rassembler ? Oui, d'accord, mais dans quel but ? Que pourraient vouloir ces ''esprits'' qu'ils n'aient déjà ? Que pouvons – nous leur apporter dans ce cas ? Une tour de Babel à petite échelle, mais où les hommes plutôt que de se battre – ou de défier – les ''divinités'' essaieraient de créer quelque chose avec elles, ou simplement de marcher dans le même sens ? Croyez – vous que ce soit possible ? Croyez – vous vraiment que cela puisse expliquer ce qui nous arrive ? »

    J'étais quand même un peu septique. C'était un peu gros comme hypothèse, mais je ne savais pas pourquoi, elle me paraissait avoir un fond de vérité. Comme un murmure de mon inconscient qui me dirait « Mais oui, c'est clair ! ». Je soupirai devant ma propre bêtise. C'était ridicule et irréalisable, même si j'avais une preuve concrète devant moi en la personne de Sigur qui me comprenait et que je comprenais. En fait, j'avais l'impression d'essayer de me convaincre de l'impossibilité de tout cela, alors que j'y étais plongée jusqu'au cou. C'était moi qui était ridicule en fait.

    « Et puis le fait même de nous forcer à nous rallier à eu, par rapport au monde où l'on vit, fait de nous des parias, ou réceptacles d'une autre sorte de bride identitaire, non ? L'idéal serait qu'ils touchent le monde entier, alors pourquoi ne le font-ils pas ? Ça me semble être comme le chien qui se mord la queue quand même... » remarquai-je les sourcils froncés. « Ils nous ouvrent des portes pour en fermer d'autres… Je ne vois pas où tout cela nous mène sincèrement. »

    Je hochai la tête lorsqu'il débita sa théorie à propos du manque d'éveil, et de ce que l'éveil avait de bénéfique. Les lèvres pincées, je m'apprêtai à répondre lorsque je le vis perdre toute la contenance qu'il avait pendant la conversation et bégayer.

    « Qu'est-ce qu'il y a ? » demandai-je, inquiète. Mais pourquoi m’inquiétais-je d'un parfait inconnu ? Peut-être parce qu'il ne m'étais plus si inconnu que ça. Si je me m'étais à apprécier tout les gens que je croisais j'étais pas sortie de l'auberge...

    Même s'il avait deviné que je n'étais pas tout à fait d'accord avec ce qu'il avait dit, au sujet des révolutions du moins, je ne comprenais pas sa réaction. Je me penchai vers lui en haussant les sourcils.

    « Hey ! Ça va pas ? Je comprends que tout ça te perturbe, ça me perturbe aussi mais c'est pas une raison pour réagir comme ça. Hey ho ! Du nerf moussaillon ! On va en venir à bout de tout ces mystères ! » dis-je. Même si discuter n'était pas en soi la meilleure manière de résoudre ces bêtises.
    Re: Au pied d'un arbre. >
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