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    [Flashback] Ayudarme, por favor? [Séraphin]

    Odessa
    [Flashback] Ayudarme, por favor? [Séraphin] > Ven 16 Juin - 21:33:11
    Odessa 
    Totem du Feu
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    Date d'inscription : 03/03/2016
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    Le vent fouette mon visage. Je soupire et jette un œil à Luam, perché sur la vigie, il fait peur aux marins qui croient qu’il va tomber. Je m’en amuse, jamais il ne tombera. Le vent n’est qu’une caresse pour lui. Je me dis que parfois j’aurais aimé glisser sur la même voie que lui… Mais le feu m’a choisie. Je soupire et grommelle dans ma barbe. J’ai encore peur d’utiliser mon tout nouveau pouvoir. Il me dit de ne pas craindre ce qui fait partie de moi. Sauf que j’ai senti en prêtant serment… Il m’a marqué, comme une vague chaude, prise au piège au milieu du volcan de ma propre force, je ne savais plus quoi faire.

    Je frissonne, peut-être pour la dernière fois de ma vie. Luam m’a dit que c’était trop récent. Que mon élément prenait le temps de prendre place complètement en moi. Et que j’avais beau avoir accepté en connaissance de cause, je combattais mon élément. Je ne pense pas que je le combat vraiment. Mais Luam a rarement tort. Alors je me tais et je médite comme il m’a appris. Comme ça, je me lie comme il faut à Feu. Et lui. Il m’a trainé dans cette aventure. Je sais que c’est pour m’apprendre à être pour des éveillés ce qu’il a pu être pour moi, même s’il ne l’a pas dit. Je soupire encore. Ça me fait peur. Je devrais pas. Mais ça me fait peur. Il y a encore deux semaines je me sentais prête. Mais depuis. Je ne sais plus.

    Je sens des choses que je ne percevais pas avant. Je sais qu’ils sont là, toujours quelque part à la lisière de ma conscience, mais je ne le savais pas avant. C’est dur à expliquer. Et à vivre. J’ai senti la peur instinctive de mes amis de la forêt – à qui je parle toujours s’ils le veulent bien – face à la nouvelle flamme qu’ils sentent en moi. J’ai été attristée. Mais je comprends. Totalement. Je soupire. Je vois la terre qui se rapproche. J’y vais à l’aveugle, Luam sait qui il doit rejoindre, trouver. Je me contente de le suivre. Je m’inquiète aussi pour lui, même si je ne le dis pas. Il le sait je pense. Mais il s’en fiche. Alors faisons comme ça. Je le sens descendre vers moi plutôt que de l’entendre. Ça aussi c’est nouveau. Comme si sa présence était une flamme, de la chaleur dans les embruns de la mer sur laquelle nous naviguons depuis trois semaines.

    Il me sourit.

    « Nous devons y aller petit flamme. » me dit-il avec sa douceur habituelle.

    Je hoche la tête. Il me prend la main. Nous avons fait croire à tout l’équipage que nous avions payé. Il était temps de tirer la révérence. Il me prit la main et monta l’escalier invisible du vent. Tout le monde était trop affairé autour de nous. Personne ne vit. Le bateau fila sous nos pieds suspendus. Je sentis mon cœur se serrer. Il n’y a plus que le vide et sa main. Et la mer. L’eau. Berk. Elle commence déjà à me déranger. Je n’ai plus envie d’y aller trop souvent. C’est plus fort et plus rapide que l’esprit du cerf à se manifester en moi. Peut-être est-ce moi, peut-être est-ce toujours comme ça. JE n’en sais rien.

    Il marche, et j’essaie de suivre, sans regarder le vide en dessous de moi. Je me sens mal. J’ai peur. Je prends une longue inspiration, il nous guide vers une petite plage abritée. Nous sommes à dix mètres du rivage. Il me regarde, sourit. Et me lâche. Je crie. J’appelle le feu. Je vole brièvement au ras des vagues et m’écrase sur le sable. J’ai senti le feu pousser. Propulser. Je pleure de soulagement. De peur. Je hurle sur Luam qui me regarde avec son sourire tranquille. Je tremble, nerveusement. Je mets du temps à me calmer. J’ai envie de hurler ma frustration et mon mécontentement. Mais son regard m’incite à me taire. Et progressivement, je retrouve mon calme. Je regarde autour de nous. Je ris et cours autour de nous en sautant partout.

    Je fonce vers un arbre pour taper la discute. Je ris, je chante avec les oiseaux. Etre sur la terre ferme, quel bonheur ! Mais je dois cesser de virevolter. Nous avons à faire. Il nous invente une histoire. Et nous travaillons dans une petite ferme. Il sait qu’il va venir. Alors nous attendons en travaillant. Et moi je veille sur lui, qui est capable de chopper la moindre connerie qui traine dans l’air. Il a l’air si faible maintenant que je sens la vitalité folle du feu en moi.
    Séraphin Duplessis
    Re: [Flashback] Ayudarme, por favor? [Séraphin] > Lun 19 Juin - 19:13:02
    Séraphin Duplessis 
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    J'hésite, je ne sais plus vraiment qui du cheval ou de moi traîne l'autre à sa suite. C'est pourtant censé être robuste ces petites bêtes, mais là ça fait vraiment trop longtemps qu'on marche. Il y a une paire d'années, une telle journée m'aurait laissé épuisé, mais ravi, empli d'une fierté et d'une satisfaction énergisante. Malheureusement depuis quelques semaines, je n'ai plus cette curiosité, cette soif de connaissance et de découverte, qui me poussait à avancer quand je n'en avais plus la force. La seule volonté qui guide mes pas à présent est celle de rendre la bête au paysan bienveillant qui me l'a prêtée pour le mois, quand je suis parti de La Paz pour faire le tour de la Bolivie. Du coup, c'est vrai qu'une journée complète de marche, cela n'a plus la même valeur qu'avant. Ces derniers jours nous n'avons croisé personne, pas de village ni de ferme, et la majorité du paysage n'est que prairie.

    Pour le cheval, je ne m'en fais pas trop, quelques temps de repos et il sera vite remis sur pieds, il a juste un peu trop forcé depuis que je suis avec lui. En revanche, pour moi, je n'ai pas la même certitude. Pour commencer, j'en arrive à la fin de mes provisions en nourriture. Evidemment je pourrais toujours me servir sur les arbres, mais j'ai besoin de lipides et de protéines, absolument. Les fruits ne me suffisent plus, comme tous les jeunes hommes, je mange deux fois mon poids par jour ; puisque je marche beaucoup, j'ai aussi beaucoup à compenser. Mais au delà de ça, je rêve trop. La nuit, je veux dire, je ne m'en sors plus. C'est tous les soirs le même cirque, j'ai l'impression de ne pas dormir du tout et de vivre des aventures dans mes rêves, c'est très fatiguant. Que je dorme à la belle étoile ou dans une auberge - j'ai même essayé un lit moelleux dans un grand hôtel, c'est pour dire - je ne passe pas des bonnes nuits.

    Tout cela en plus de ma perte de motivation globale, je pense que j'en arrive à la fin de mon périple. Cela m'attriste, mais je sais que mes parents seraient heureux de me voir à la maison. Je grimace en pensant à la pollution, la monotonie des jours là-bas. Voilà qui ne me manque pas plus que cela, en fin de compte. Soupirant, je m'assois sur une pierre sur le bord du chemin, en vue de réfléchir un peu à ce qui adviendra de moi après mon retour. Sans diplôme, amoureux de l'air pur et ne souhaitant rien faire d'autre que d'en profiter, je me sens égaré, perdu, et j'ai l'impression qu'il n'y a pas de place pour les gens comme moi dans ce monde. Partout, tout n'est que question d'argent, de commerce, d'innovation et de mondialisation. Quant aux civilisations les plus retranchées, leurs cultures sont tellement différentes que je ne pourrais m'y faire. Un jour peut-être...

    Je voudrais bien vivre en autarcie loin de tout, mais je doute encore que vivre loin des autres me conviendrait. On a au fond tous besoin d'une famille, de ses parents. Les miens seraient morts d'inquiétude de me savoir seul et sans ressources autres que celles que m'offre la nature. D'autant que je me débrouille, mais j'ai encore beaucoup à apprendre ; sans guide je ne suis pas sûr de pouvoir apprendre à vivre ainsi. Décidément, je pense que la seule chose à faire pour le moment est de rentrer... si j'arrive entier au prochain village.

    Je suis tracassé et épuisé mais le bel étalon qui me sert de compagnon ne s'arrête pas, il continue son chemin. J'allais l'appeler pour le retenir, quand je remarque qu'il a repéré un toit au loin. C'est une ferme, pour sûr. Une larme de soulagement roule sur ma joue et je reprends mon chemin en pressant le pas pour rejoindre Espejismo, ou Espe, pour les intimes. Je suis décidé, je joindrai mes parents dès que mon portable sera rechargé et je rentrerai chez moi.

    ***

    Un petit quart d'heure nous a suffit pour atteindre la petite propriété. C'est modeste, mais très largement confortable, d'après moi. Je fais le tour de la maisonnée pour voir si quelqu'un se trouve à l'extérieur, sinon j'irais sonner. Je m'arme de mon plus beau sourire, puisant dans mes dernières forces pour demander l'hospitalité dans mon espagnol laborieux.
    Odessa
    Re: [Flashback] Ayudarme, por favor? [Séraphin] > Mar 20 Juin - 20:13:34
    Odessa 
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    Nous sommes logés dans une petite ferme, comme une dépendance éloignée de la vraie ferme, qui était située plus au sud. On nous a donné la mission de nous occuper des quelques champs environnants, le temps qu’on réside dans les parages. En fait, c’est surtout un énorme potager. Et je prends beaucoup de plaisir à m’occuper du jardin, et des quelques chèvres qui paissent aux alentours. Au début elles ne m’aimaient pas… Mais j’ai fini par trouver les mots pour qu’elles croient en ma bonne foi.

    Le propriétaire avait déjà vu des gens de passage comme nous, ça ne le dérangeait pas comme arrangement. Et quand nous partirons, son fils retournera habiter ici. C’est une belle manière de faire, et une chose intelligente et douce. Une solution productive, bref, j’aime ce genre de vie.

    Luam avait tenu que j’apprenne l’espagnol. Je ne sais pas d’où il maitrisait cette langue. Mais il le parlait bien. Tout le monde l’adorait dans le coin. J’ai plus de mal. Mais je m’en sors assez pour me faire comprendre. Il m’a présentée comme sa petite fille. Et il est donc de mon devoir de tenir la maison… beurk. Je me plie au moins au délire de devoir ouvrir la porte quand on frappe.

    C’est ce que je fais maintenant. Il y a un garçon de l’autre côté de la porte. Je plisse les yeux en le voyant. Je sens… Je ne sais pas ce que je sens mais je crois bien que c’est Lui. J’écarquille les yeux. Nom d’un esprit ! Mais… Mais comment Luam a pu savoir ? Mais c’est complètement fou ! Mes yeux sont vrillés sur lui, je regarde sa posture, son regard, ses cheveux, son aspect fatigué, ma respiration s’accélère puis ralenti. Je crois que je suis surexcitée. Je ne sais plus quoi faire. Je dois le laisser entrer ?

    La voix de Luam, en espagnol, retentit derrière moi, venant de la cuisine où il vient de commencer à faire de déjeuner.

    « Qui est-ce, fillette ? »

    Ma voix est bloquée un instant. Du mouvement derrière lui, un cheval. Pauvre ami qui a l’air si fatigué ! Cela me délie la langue.

    « Entre donc ! Tu as l’air exténué, Abuelo prépare le repas, il y aura bien assez pour nous tous, il en fait toujours des tonnes. »

    Je me glisse derrière lui et le pousse gentiment et vais m’occuper du cheval. Je le salue, il renâcle, mais je le rassure en lui parlant calmement.

    « Dégage ! » dit-il d’un air fatigué. Je ris.

    « Non, je ne dégagerais pas. Viens suis-moi, je vais te donner de l’avoine, on doit bien en avoir quelque part. Ensuite, j’ouvrirais la porte fermière, et tu pourras surveiller qu’on ne fasse pas de mal à ton ami si tu le souhaite. »

    Intrigué il me suit.

    Cela m’a pris une minute. Je rejoins la maison par derrière, par la porte de la cuisine, que je laisse à moitié ouverte pour le cheval, qui semblerait-il se nomme Espe.

    « Abuelo, tu as vu qui est là ? » Je remarque avec un grand sourire.

    Il hoche la tête et invite le jeune homme à s’asseoir sur une chaise. Je sautille jusqu’à la commode et me perche dessus. Je le fixe avec un sourire. Luam est reparti à cuisiner. Il me lance un regard, je dois faire les présentations.

    « Je suis Natÿre ! Et lui c’est Luam. Salut ! Et toi ? Tu es qui ? » Je demande, pleine d’enjouement.
    Séraphin Duplessis
    Re: [Flashback] Ayudarme, por favor? [Séraphin] > Ven 23 Juin - 22:06:17
    Séraphin Duplessis 
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    Les extérieurs de cette jolie ferme ne m'ont donné personne à aborder. Je caresse Espe et essaye de le rassurer avant de toquer à la porte. Il y aura bien quelqu'un pour nous ouvrir, cette maison n'est pas abandonnée, cela se voit. En attendant que l'on m'invite à entrer, j'essaye d'apaiser le vieil étalon d'un regard un peu tendre. Il se fait vraiment temps que je le ramène, j'aimerais le soulager.

    À mon plus grand étonnement, la personne qui ouvre la porte est une jeune fille très blanche et très rousse, à tel point que sa présence ici relèverait presque du surnaturel, pour moi qui n'ai croisé que des peaux brunes dans les campagnes de la Bolivie. Elle semble me regarder avec le même regard étrange que je porte sur elle. Pourtant, moi, ma peau a pris les couleurs du soleil d'Amérique latine depuis longtemps, je n'ai pas à rougir de mon bronzage presque parfait, alors pourquoi m'observe-t-elle ainsi ? Sont-ce les yeux trop verts à son goût ? Je hausse légèrement les sourcils. J'ai l'air si mal en point que cela ? Tandis qu'elle me pousse à l'intérieur avec une vivacité que je n'aurais sans aucun doute jamais de mon vivant, je crois trouver un élément de réponse : elle me regarde ainsi car elle aussi elle a ce sentiment étrange. Je n'arrive pas à mettre de mots dessus, c'est très subtil. C'est un peu comme si je la reconnaissais. Secouant la tête, je laisse cela de côté. J'aurais bien le temps d'y réfléchir plus tard, pour l'heure, je porte mon regard sur le vieil homme qui fait la cuisine. Le sentiment que j'ai éprouvé pour la jeune femme se fait plus intense alors, me plongeant à la fois dans un confort et une incompréhension générale. Car, somme toute, le malaise occasionné par l'apparition violente de ce sentiment n'efface pas la douceur que celui-ci provoque en moi. J'ai comme l'impression d'être à la maison, de voir mes proches, d'être à ma place.

    Je suis surpris d'entendre la jeune femme parler à celui qui semble être son grand-père comme s'il m'attendait. J'accepte avec un certain soulagement la chaise que l'on me propose, posant mon lourd sac à terre et souriant à la demoiselle, qui s'est perchée sur un meuble. Elle est vraiment pleine de vie, cela contraste avec moi...

    - Enchanté, Natÿre ! Luam, je suis également enchanté de vous rencontrer. Je vous remercie vraiment de nous avoir accueilli, Espejismo et moi. Je m'appelle Séraphin Duplessis, je suis français.

    Avant de raconter ce qui m'amène ici et pourquoi j'en viens à leur demander l'hospitalité, j'attendrais qu'ils me posent des questions. Je n'ai pas envie spécialement de m'étaler sur les longs voyages qui ont fait mes derniers mois. Durant ceux-ci, j'ai trop souvent eu l'occasion de conter mes périples à ceux chez qui je logeais, notamment à des enfants, et même si tous m'assuraient qu'ils adoraient entendre mes histoires, j'ai toujours eu une sorte de pudeur à les exposer ainsi. Tous n'ont pas les moyens de voyager et j'aurais honte de m'en vanter.

    Par mon silence, j'évite également de leur faire voir la détresse dans laquelle je suis, à quel point j'ai faim, à quel point je suis épuisé et à quel point j'ai envie de rentrer chez moi, car je ne veux leur provoquer aucune pitié ni aucune inquiétude. Malheureusement, alors même que j'ai fini ma phrase et que le silence s'installe rapidement, mon ventre se met à gronder comme jamais. Nul doute, toutes les personnes de la pièce ont pu entendre son râle, peut-être même Espejismo. Je me plie légèrement, portant une main à mon ventre à cause de la crampe qui me prend soudainement.

    Quelque peu gêné d'être victime d'une telle faim en leur présence, je me racle la gorge, tournant des yeux légèrement paniqués vers Natÿre.

    - Vous avez pu trouver un endroit pour abriter Espe ? Je suis désolé, j'espère que cela ne vous dérange pas d'héberger un cheval sans en avoir été prévenus à l'avance...

    J'essaye désespérément de leur faire oublier le boucan qui a secoué mon estomac.
    Odessa
    Re: [Flashback] Ayudarme, por favor? [Séraphin] > Mar 27 Juin - 19:38:24
    Odessa 
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    Oh ! Un français trouvé au bout du monde ! C’est tellement amusant ! Je me retiens de rire parce que ça déplairait à Luam. Un petit français tour bronzé ! Bah ! Je suis pas non plus d’une blancheur de cul comme certains vu que je vis en extérieur mais voilà quoi, en comparaison je crame plus souvent que lui je pense… Ah ! Les natures de peaux ! Il a pas l’air très prolixe, ni très dynamique, c’est clair que ça va changer à Luam de l’avoir lui plutôt que moi. Son ventre gronde pendant le silence qui s’en suit. J’explose de rire.

    « Abuelo ! Le pauvre petit est affamé ! Il faut le nourrir ! » Je remarque avec entrain.

    Je glisse vers Séraphin – quel nom bizarre – et lui réponds.

    « Ton cheval mange dans l’écurie, il est adorable, je pense que nous allons bien nous entendre. Il va venir nous rejoindre quand il aura fini. Tu en penses quoi Luam ? Sinon, ben, il fera sa vie, mais il t’aime bien alors je vois pas pourquoi il resterait pas ! T’as vraiment l’air en piteux état, j’aimerais tellement t’aider plus ! T’en penses quoi ? » Je demande finalement en me tournant vers Luam.

    Il soupire et me sourit. Il pose une assiette sur la table devant Séraphin et un quignon de pain.

    « Ce n’est pas encore parfait, mais ça te calera un peu avant de manger. Nous aussi venons de France. Nous sommes ici en vacances. Ce n’est pas ma petite fille, mais c’est tout comme. Et dis-le surtout si elle te fatigue, elle ne manque jamais d’énergie, c’est parfois dur à suivre. »

    Je lui tire la langue et en réponse je glisse sur le sol en tailleur et pose mes mains sur mes genoux et prends une posture de méditation.

    « Je sais très bien être calme mon vieux, juste que j’ai pas envie ! Je veux comprendre ! » Et je lance un regard plein de sous-entendus à Luam qui me fait un clin d’œil complice.

    « Tu comprendras… Mais là je vais juste te montrer. »

    Je hoche la tête et le fixai tandis qu’il s’installe à table sur le côté, de manière à être proche de Séraphin. Il désigne l’assiette.

    « Mange. Je suis curieux, de savoir ce qui t’amène en Amérique du Sud mais aussi de savoir pourquoi tu es si fatigué. J’ai vu passer des voyageurs ici, mais aucuns avec une tête aussi exténuée que la tienne. Tu peux te reposer ici aussi longtemps qu’il te plaira. »

    Il pose la main sur son cœur et s’incline légèrement.

    « Ce sera avec bon cœur que nous prendrons soin de toi, Odessa et moi. »

    Je grimace en l’entendant prononcer mon vrai prénom et ne peux m’empêcher d’ajouter d’un air boudeur :

    « Je t’avais dit que je voulais qu’on me connaisse sous le nom de Natÿre ! Pas Odessa ! »

    Je siffle à la manière d’un serpent pour lui montrer mon désaccord. Même si ce n’était pas mon clan, je les aime bien les serpents. En vrai j’aime tout les totems. Mais particulièrement les cerfs… Et les renards et les ours aussi. Ils sont drôles.
    Séraphin Duplessis
    Re: [Flashback] Ayudarme, por favor? [Séraphin] > Mar 4 Juil - 21:11:34
    Séraphin Duplessis 
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    Puisque la jeune femme se met à rire, c'est qu'il ne doit pas y avoir de mal à débarquer affamé et réclamant sans le verbaliser de quoi caler son estomac. Je rougis et souris, essayant de suivre ce qu'elle dit sans me laisser perturber par mon estomac. C'est fou ce qu'elle parle vite et elle saute du coq à l'âne en permanence ! J'ai du mal à l'arrêter pour répondre. C'est fascinant, après le calme que j'ai connu en traversant le pays en compagnie d'un seul étalon... elle ferait presque figure de tempête ! Un régal pour l'âme. Lorsqu'elle se tourne vers Luam, je me tourne également vers lui. Plongeant mes yeux verts dans les siens, je suis frappé une nouvelle fois par cette aura qu'il dégage. C'est étrange, j'y suis tellement réceptif que cela soulagerait presque ma faim.

    Presque, il ne faut pas abuser tout de même, il a à peine posé l'assiette devant moi que j'entame déjà mon repas, vif mais pas précipité. J'arrive à le remercier entre deux bouchées.

    - Merci infiniment, Monsieur. J'aurais pu attendre le repas, vous n'auriez pas dû me servir avant. Mais c'est délicieux.

    Mes paroles ne sont pas tout à fait en adéquation avec la vitesse à laquelle je termine mon assiette. Je n'ai pas décroché un mot depuis que j'ai remercié le vieux, mais je n'ai rien raté de leur échange.

    - Excusez-moi, j'avais vraiment faim. En réalité, cela fait plus d'une journée que je n'ai rien avalé de consistant. En soi, ce n'est rien, j'ai mangé des fruits, mais cela ne m'a pas suffit, je crois. Je ne dois pas être très endurant à la faim.

    Je rigole doucement et me rends compte que j'ai parlé en français. Ils ont eu l'air de comprendre, de toute façon ils m'ont bien dit venir de France eux aussi. Du coup, je continue.

    - C'est adorable de me donner l'hospitalité ainsi alors que je viens de débarquer chez vous avec aussi peu de manières, d'autant plus si vous êtes ici en vacances. D'habitude, j'aurais eu plus de mal à accepter, mais j'avoue en avoir besoin.

    D'autant que je n'oublie pas l'apaisement que me procure leur compagnie. J'ai un sourire pour Natÿre, la rassurant.

    - Ne t'en fais pas, je t'appellerai Natÿre. Si tu promets de m'expliquer pourquoi tu veux que l'on te nomme ainsi !

    Mon regard a retrouvé la lueur joviale qu'il a perdu lorsque j'ai moi-même commencé à me perdre. C'est étrange, depuis que je suis chez eux, je me sens un peu comme à ma place alors qu'il y a une bonne heure j'étais au bout du rouleau. En revanche, je sais que ces gens ne seront pas toujours là et qu'il faudra bien que je me résolve à partir, pour rentrer chez moi, comme prévu. Autant leur en raconter un petit bout, cela justifiera l'utilisation du téléphone lorsque je serai décidé à repartir.

    - Je vais faire court, vous dire pourquoi je suis ici et me présenter un peu plus. Mais ensuite, j'aimerais que vous en fassiez de même, me dire ce qui vous a attiré ici et pourquoi vous logez dans une ferme, si ce n'est pas indiscret !

    J'ai quitté la France il y a quelques mois maintenant, une vingtaine à peu près. J'allais passer mon bac, mais mes résultats n'étaient pas au top et la ville ne me plaisait pas, des tas de choses qui ont fait je ne me sentais pas bien. Je savais qu'il fallait que je bouge, que j'aille voir d'autres choses dans d'autres endroits, rencontrer d'autres personnes. J'ai visité des pays à droite à gauche avant de me baser pour six mois en Afrique. Je suis ensuite arrivé en Amérique du Sud et cela fait un an que j'y suis. Je fais le tour de la Bolivie actuellement, à cheval. Voilà pour ce qui est de notre présence ici, à moi et d'Espe.

    Pour ce qui est de notre état actuel, je n'ai juste pas vu venir la perte de motivation qui m'a gagnée il y a de cela quelques semaines. Avant je trouvais facilement des petits boulots dans les villages pour gagner quelques sous et nous nourrir correctement, mais dans les derniers villages que nous avons traversé, j'ai fais l'impasse, par manque de volonté. Après il n'y avait plus de hameau sur notre chemin. C'est une chance de vous croiser ici, sinon je sens que je me serais nourri encore de fruits pendant un moment. Cela ajouté au fait qu'e ce moment je dors très mal, c'est vrai que je dois avoir l'air mal en point.

    Je ne veux pas abuser de votre hospitalité et je crois qu'il est temps que je reconnaisse que c'est la fin du voyage. Je vais de moins en moins bien et j'ai toujours cette impression de ne pas être à ma place, alors à quoi bon continuer ? Je vais passer quelques nuits ici puis je prendrais le chemin le plus court pour ramener Espe et je rentrerai chez moi, en France.


    Je ne veux pas terminer sur une telle note, comme dit, cela a le don de me gêner. Je ne sais d'ailleurs pas pourquoi j'ai allongé mon discours, d'habitude j'en dis moins. C'est peut-être l'ultime preuve de mon abandon. Je leur souris.

    - Et vous alors, pourquoi la Bolivie ?
    Odessa
    Re: [Flashback] Ayudarme, por favor? [Séraphin] > Jeu 6 Juil - 22:56:01
    Odessa 
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    Je souris tandis qu’il mange comme un chien affamé. Pauvre petit. Je hoche la tête. Il m’est sympathique, je l’aime bien, en plus il est très accordant, je me demande quel totem est le sien, je n’arrive pas à deviner. J’imagine que Luam le sait lui, je lui lance d’ailleurs un haussement de sourcil auquel il se contente de sourire doucement. Pfff.

    « On n’est pas vraiment en vacances tu sais. Et puis à ton âge c’est normal d’avoir besoin de plus de nourriture qu’un gosse de cinq ans ! » Je remarque avec un éclat de rire dans la voix. « Je t’expliquerais seulement si tu nous racontes ton histoire et pourquoi tu es là ! » Je demande avec enthousiasme.

    Luam hoche la tête à mon intention. Et nous écoutons attentivement son histoire. Il me fait penser à moi, qui ait pris mes clics et mes clacs pour traverser l’Europe fut un temps. Il a du courage et de la volonté à revendre, je comprends pourquoi les esprits l’ont choisi. Vingt mois loin de chez lui. A vivre selon ses pas et ses rencontres, c’est merveilleux ! Mais quel idiot de s’être détruit la santé, mon froncement de sourcil à la fin de son récit est le même que celui de Luam. Qui se renfonce dans sa chaise, les mains croisées sur son ventre pour répondre à la question du garçon, j’observe attentivement.

    « La Bolivie est un pays magnifique, majestueux, il y fait bon vivre, les gens sont simples. Les rencontres y sont toujours bénéfiques. J’aime voyager moi aussi, et j’y ai trainé Odessa parce que je pensais qu’elle avait besoin de voir de nouvelles choses. Nous logions dans cette ferme en attendant le bon moment pour partir. »

    Je lui ai lancé un regard noir lorsqu’il use de mon vrai nom, en insistant en prime, son sourire fier sur le visage. Grrrr. Il m’agace ! Je fais un sourire rassurant au petit gars.

    « Natÿre veut dire nature dans une de mes langues préférées. Et comme je me fais le porte-parole de la nature à son stade le plus pur et le plus bénéfique à ma manière de vivre, je considère que je dois me lier à elle plus profondément, et donc porter son nom dans une langue qui a beaucoup de sens pour moi. » J’explique finalement avec un clin d’œil.

    Espe passe à ce moment-là la tête par la porte à moitié ouverte. Je ris et me lève d’un bond pour aller le caresser. Je lui chuchote à l’oreille que son humain a aussi mangé, ça le rassure me dit-il, je veux bien le croire. Je ris et lui ébouriffe la crinière, il fait mine de me manger les cheveux mais je m’échappe et me reperche sur le plan de travail.

    Luam me fait signe de me taire, je grimace et lui tire la langue mais j’obéis. Il se penche en avant.

    « Nous attendions simplement quelqu’un, c’est la raison pour laquelle nous sommes ici. Nous aimons voyager mais ce n’est pas tout, nous étions destinés à nous croiser ici Séraphin. » dit-il doucement avec son regard de papy adorablement bienveillant qui me fait craquer à chaque fois.

    Un sourire qui fait dix fois la largeur de mon visage apparait lentement chez moi en le voyant commencer. Je trépigne. J’observe, fascinée.
    Séraphin Duplessis
    Re: [Flashback] Ayudarme, por favor? [Séraphin] > Sam 4 Nov - 18:54:40
    Séraphin Duplessis 
    Totem de la Terre
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    Date d'inscription : 09/06/2017

    Natÿre et Luam ne se sont visiblement pas ennuyés de mon long discours, ils y ont même réagi d'une mine légèrement inquiète sur la fin. Si cela me gêne, cela me fait également sourire : ces inconnus qui ne m'ont jamais vu de leur vie se soucient de moi et de mon état. C'est plein d'humanité ; une leçon que je me dois de garder encore en mémoire. Ils sont plein d'humanité, aux dires de Luam : leur voyage, leur mode de vie, la façon dont il s'adresse aux gens et dont il interagissent avec eux, tout cela est orchestré pour vivre en harmonie totale avec l'Homme.

    Cela me touche particulièrement, dans la mesure où j'ai pu constater pendant mon voyage que je ne serais pas capable d'en faire autant : j'aime les humains mais je préfère la solitude. Enfin je crois, comme dit, cette fin de voyage a eu le don de me perdre et de me retirer toutes mes certitudes. Si la façon dont Luam et Natÿre vivent était précédemment un objectif pour moi, elle n'en est plus qu'un modèle, une leçon de vie.

    Natÿre, nature... Les mots de la rouquine me tirent de mes pensées et me happent, je les comprends et les ressens plus que ceux de Luam. La jeune fille parle tout en légèreté pourtant j'aurais aimé qu'elle s'attarde plus sur le sens de ses phrases. Elle se fait porte-parole de la nature ? Qu'est-ce que cela signifie exactement ?

    Heureusement qu'elle s'est levée pour aller voir Espe, parce que si elle avait vu le regard que je porte sur elle, elle me prendrait pour un attardé. Ses mots flottent dans ma mémoire et j'essaye de leur donner un sens encore et encore et encore. "Son stade le plus pur et le plus bénéfique", elle parle encore de la nature. Je ne parviens pas à dire si elle parle de la nature de manière tout à fait pratique ou si elle cherche à me signifier autre chose, de plus spirituel. J'aimerais savoir vraiment. Encore plus lorsqu'elle se met à parler d'un lien profond avec la nature. Une faim plus vorace me torture alors, celle de comprendre, de savoir s'il existe bien une manière de se lier à Elle. L'amour que j'ai développé pour cette entité trop large pour être enlacée... Serait-il possible de l'acter ?

    Quand Luam parle et que je porte mon attention sur lui, j'ai du mal à me raccrocher à ses mots. Il faut que j'occulte mes questions pour réussir à capter quelques phrases, qui m'arrachent un sourire mitigé. J'avoue me méfier un petit peu, lorsqu'il me dit que nous étions "destinés à nous croiser". Il m'a l'air bien sympathique et la jeune femme aussi, mais je pourrais être tombé chez des fous. Voilà qu'il se met à sourire et Natÿre aussi, de façon bien étrange... Ça ne me plait pas.

    J'étais déjà parti dans des considérations très spirituelles, quelques secondes plus tôt. La vie et ses dangers semblent me rappeler à l'ordre tout à coup. Je suis chez des gens que je ne connais pas, ils m'ont ouvert, m'ont nourri et j'ai mangé ce qu'ils me donnaient sans me méfier aucunement. J'aurais dû, peut-être. Mes lèvres s'entrouvrent et je sors la première connerie qui me permettrait de gagner du temps pour réfléchir.

    - Certainement...

    C'est vrai que c'est étrange de venir en aide à quelqu'un aussi immédiatement sans rien attendre en retour. Ses paroles sont quand même légèrement flippantes, comme dans les mauvais films quand on vous dit "Maintenant il faut payer ta dette". Sauf qu'on est pas vraiment dans un film.

    Je me raidis sur ma chaise, m'assieds droit, au cas où il faudrait d'un coup que je prenne la fuite par la porte entrouverte, montant sur Espe en catastrophe comme j'ai appris à le faire. Cela dit, pas sur que j'y arrive dans l'état avancé dans lequel je me trouve. Il n'y a pas dix mille façons de régler ça.

    - Enfin... c'est un peu bizarre quand même. De dire ça.
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