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    J'avais dis petite... ft. Sigurfinnur (ouais enfin)

    Adrìas Indigo
    J'avais dis petite... ft. Sigurfinnur (ouais enfin) > Mer 24 Aoû - 23:10:01
    Adrìas Indigo 
    Totem du Serpent
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    ♪♫

    Regarder les images sanglantes du journal de 20 heures avec Voyageur dans les oreilles me parait plus surmontable. C'est pour ça sûrement que je l'écoute en boucle depuis une dizaine de minutes. J'attends ma série en fait, mais y'a ce foutu rassemblé d'informations avant, comme si dans ma petite boutique j'avais besoin de savoir que le cinquième prétendant au trône de Trouperdu s'est fait fusillé. Mon regard passe alternativement de ma télévision à ma fenêtre, ou je peux apercevoir par le velux d'une voisine, que celle-ci m'observe. Les vieux, toujours friands des rumeurs et faits divers. Celle-là doit pas avoir grand chose à raconter, avec pour voisin un jeune drogué célibataire et à moitié au chômage, qui passe sa journée enfermé à manger du pop-corn salé dans son canapé.

    Je me lève lentement pour aller fermer mon volet. Ce n'est pas de ma faute si la six diffuse des comédies romantiques pendant la moitié de l'après-midi, et ce tout l'été. Ce n'est pas non plus de ma faute si la mère de mon meilleur client est morte, si les autres sont en vacances et si mes roses commencent à sentir le roussi. Juste avant de passer le volet en dessous de ma tête, j'adresse à ma chère voisine un beau sourire hypocrite. Irrité, je finis par arracher mes écouteurs et abandonner mon téléphone sur la petite table, la chanson se finissant d'elle-même dans ma tête malgré moi.

    J'ai faim. Je ronchonne, parce que j'ai beau ouvrir tous les placards de ma cuisine, je ne trouve que des pâtes. Et j'ai vraisemblablement la flemme de les cuire. Après avoir remonté la capuche de mon sweat bleu sur ma tête et avoir posé celle-ci sur le plan de travail en soupirant pendant bien deux minutes, je me redresse et attrape mon téléphone fixe d'une main, l'autre toujours fourrée dans la poche de mon jogging. J'appelle le numéro déjà pré-enregistré du livreur de pizza du coin de la rue.

    - Bonsoir, c'est Adrìas, ce serait pour une petite Reine, toujours la même adresse, à l'Antre des Roses.

    Normalement ils devraient accepter et arriver au bout de quelques minutes, comme d'habitude, avant ma série.
    Sigurfinnur Lokison
    Re: J'avais dis petite... ft. Sigurfinnur (ouais enfin) > Jeu 25 Aoû - 19:08:42
    Sigurfinnur Lokison 
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    Une soirée comme les autres pour notre Pizzaiolo. La période du midi fut plutôt bonne, avec une grosse commande dans une zone d'activités, et le soir était plutôt tranquille. Après tout, il y a deux types de commandes, ceux qui prennent une pizza parce que c'est ce qu'il y a de plus pratique à côté de leur bureau (donc les midis), et ceux qui considèrent que les pizzas sont des repas de fête parce que facile à partager (donc les soirs), avec un pic à 19h et plus grand chose à partir de 20h. Une journée se finit généralement ainsi à 20h30 environ. A ce moment là, les dernières pizzas sont cuites et il ne restait plus qu'à rentrer chez lui avec son camion à pizzas. Tiens, une commande de dernière minute. Bon, généralement, Joe refuse ces commandes aussi tardives, mais le numéro était celui d'un habitué et qui était à littéralement deux pas de chez lui. Autant prendre cette dernière commande.

    Les pizzas de Joe n'avaient rien d'exceptionnel. Elles n'étaient pas particulièrement transcendantes. Cependant, Joe savait qu'elles étaient bonnes. Les produits sont toujours frais, et les pizzas sont faites avec amour. L'amour qui se transmet de générations en générations, de père en fils, pour les pizzas. Et une quinzaine d'années d'expérience ne faisait pas de mal non plus. C'était la règle d'or : on s'en fiche si la pizza ne gagne pas de prix locaux dans des compétitions de pizzaiolos. Tout ce qui compte, c'est que le client soit heureux ensuite, et y mettre du coeur était le meilleur moyen de donner une âme à ses pizzas. C'était la dernière pâte du soir, une Reine donc. Préparée ainsi avec tout le respect que sa Royauté mérite. Un petit supplément de Mozzarella di Bufala, simplement parce que la Reine est d'une une pizza relativement simple, et de deux, parce que ce serait bête de gaspiller une boule de mozzarella qui serait certes encore bonne le lendemain, mais Joe préférait en racheter chaque jour plutôt que d'utiliser celles de la veille. Certes, c'est censé être en présure, donc conservable bien plus longtemps. Mais c'est la clef d'une bonne pizza : ne jamais faire les choses à demi-mesure. La moitié de la boule sur la pizza, l'autre moitié attend les 3/4 de la cuisson pour être déposée sur la pizza, afin qu'elle garde plus de saveur. Un geste précis et rapide afin de ne pas casser la cuisson.

    Et voilà, c'était cuit ! Joe avait eu le temps de nettoyer le plan de travail pendant la cuisson. Juste sortir la pizza du four en pierre et la mettre dans un carton, avant de la pré-découper en huit. Une pizza toute chaude, et il ne lui restait plus qu'à livrer en personne après avoir refermé son camion à clef. Le fromage fondu parfumait légèrement le fond de l'air tandis qu'une petite brise soufflait légèrement, apaisant cette soirée d'été. Adrias, Adrias. Appuyer sur la sonnette. Et c'est au moment où la porte s'ouvrit que Joe se rendit compte d'un fait qui était à deux doigts de lui faire lâcher la pizza qu'il avait dans les mains; Heureusement que Sigurfinnur était habile.

    Parce que oui, les quelques secondes pendant que la porte s'ouvrait, un petit torrent d'informations fut débloqué dans le cerveau de Sigurfinnur. Que premièrement, il ne s'appelait pas Joe, qu'il n'était absolument pas pizzaiolo, que sa famille ne l'a jamais été, qu'il n'avait jamais cuit de pizzas avant aujourd'hui de sa vie. Sigurfinnur se souvenait parfaitement de sa journée d'hier, qui était une journée comme les autres devant son ordinateur. Il se souvenait aussi parfaitement de sa matinée, passée à faire le tour du marché pour acheter des produits frais comme ce qu'il croyait être chaque matin pour un pizzaiolo. La seule chose qui lui manquait, c'était la transition entre la soirée précédente et le matin, à savoir comment s'était-il trouvé dans la peau d'un pizzaiolo, et surtout...

    A qui appartenait le camion qu'il avait conduit aujourd'hui?

    Et c'est donc ainsi que, lorsque la porte fut ouverte, que l'islandais ne put s'empêcher de prononcer un juron.

    "Eucalyptus, pas encore!"
    Adrìas Indigo
    Adrìas Indigo 
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    C'est long. C'est long, une minute. Enfin c'est court, mais une minute assis sur le plan de travail d'une cuisine, dos courbé sous les placards suspendus, les yeux rivés sur la pendule, c'est long. Tic tac, j'attends la sonnette, j'ai faim. Enfin non, je n'ai pas très très faim, puisque j'ai mangé du pop-corn salé toute la journée, mais j'ai encore envie de manger. Manger pour occuper mon esprit, occuper mon corps aussi. Manger pour oublier que ma vie commence à devenir une longue nuit de solitude. La nuit, le sommeil. Je dors beaucoup en ce moment aussi, beaucoup beaucoup trop. Enfin. Je suis très fatigué, trop fatigué. Je mange beaucoup et je dors beaucoup, et pourtant je prends pas un gramme, rien. Et ce n'est pas comme si je mangeais très sain. Pizza-pâtes tous les jours, je comprends pas. Si. C'est l'alcool. Si j'arrêtais de vomir de tout mon saoul tous les soirs. J'assimile plus rien, plus de graisse, plus d'énergie, j'assimile même plus les rayons du soleil. Je ne les vois pas souvent ceux-là. Je préfère ceux de la lune. Enfin je ne crois pas.

    La sonnette retentit alors que je commence à somnoler et à pencher dangereusement au-dessus du carrelage. Je sursaute, frissonne, j'ai froid. Je me laisse glisser du plan de travail, mes pieds nus ne faisant aucun bruit sur le sol gelé. Je devrais mettre des chaussettes. J'ai plus de chaussettes propres, du coup j'ai froid. En approchant de la porte, je grelotte. J'ouvre, m'attendant à voir un visage familier, peut-être qui aurait pu m'arracher un sourire mais non, je ne le connais pas, c'est étrange. Un nouveau sûrement. Je m'apprête à le saluer quand il prononce un mot que jamais je n'aurais imaginer qu'il prononce en cet instant. J'ai un petit moment d'absence, je le dévisage, une main qui tient la tranche de la porte, l'autre toujours coincée dans ma poche, le flanc collé au cadre de la porte et en équilibre sur un pied. Il ne me dit vraiment rien. Mais son comportement m'arrache un sourire. Lui non plus n'a pas l'air dans son assiette.

    - Bonsoir... Vous êtes nouveau ?

    Je me tords pour attraper mon porte-feuille qui traîne sur la console derrière moi, avant de lui faire face à nouveau. J'espère ne pas lui faire peur avec mon air malade. L'autre avait l'habitude.

    - C'est toujours 12,50€ ?

    Je me décide à sortir mon autre main de ma poche, pour ouvrir la tirette de mon porte-feuille. Elle est bandée en partie, je me suis coupé l'autre jour. Déboire de soirée. Je fais la moue, j'ai pas 12,50€ en espèces et je ne trouve pas ma carte bleue. Reposant mon porte-feuille, je m'efface du cadre de la porte et invite le pizzaïolo à entrer. Il faut que je trouve ma carte, je fouille d'abord le panier fourre-tout de ma cuisine.

    - Excusez-moi, je vais trouver.