Ailbe sembla mener une longue réflexion. À vrai dire, Adrìas ne se faisait pas beaucoup d'illusions. Il était prêt à argumenter encore en sa faveur, mais il sentait le jeune homme plutôt strict sur certaines choses. Il attendit sa réponse avec plus ou moins d'appréhension et d'impatience. Il se mit à inspecter l'expression que lui renvoyait son visage, tentant d'y déceler un élément de réponse. Ses traits étaient tendus. Il aurait au moins la prétention de pouvoir dire qu'il l'avait fait réfléchir.
Quand enfin la réponse franchit ses lèvres, Adrìas peina à la croire. Il mit un certain temps avant de se reprendre, du brouillard dans la tête. Il ne savait pas à qui il devait cette victoire, à lui-même ou à celui qui avait fait que, ce fameux soir au bar, le poing de l'autre ivrogne ne se retrouve pas dans son nez. Il se leva prudemment, de peur de se réveiller d'un rêve plus réaliste que les autres. Il s'assit derrière Ailbe et s'accrocha à lui. Cela lui rappela leur dernier voyage ainsi, mais cette fois il s'occupait moins du chemin que de la perspective de vivre avec Ailbe. Il réfléchit notamment aux habitudes de vie qu'il allait devoir changer. Premièrement, ne jamais plus laisser le courrier traîner sur la table de la cuisine. Secondement, son emploi du temps, dans la chambre et pas sur le réfrigérateur. Ensuite, la salle de bain : fermée à clef. Toujours. Toujours, toujours, toujours, toujours. Et la chambre aussi, avec ses affaires sous le lit et pas en évidence sur le bureau.
Il prit une grande inspiration avant de descendre du vélo. Il allait devoir ruser pour attraper tous les documents équivoques relatifs à sa prise d'hormones, gentiment disposés sur la table de la cuisine, avant qu'Ailbe ne zyeute dessus. Que faire ? Il chercha ses clés, distrait. D'ailleurs il était tellement distrait qu'il fit le tour de toutes ses poches deux fois avant de se rendre compte qu'il ne les trouvait pas. Il refit encore une fois le tour, attentif cette fois, puis il blêmit : elles n'étaient vraiment pas sur lui. Pourtant il jugerait être parti avec quelques minutes plus tôt à peine ! Il se retourna, la bouche ouverte comme pour dire quelque chose à Ailbe, avant d'apercevoir le vieux d'en face descendre les marches de son perron, à une heure très tardive.
Le vieux lui balança ses clés et s'engouffra à nouveau dans sa maison avant qu'Adrìas n'ait pu décrocher un mot. Il rougit de honte et n'osa lever les yeux vers son hôte. Il ne pouvait même pas lui présenter : il ne connaissait pas le nom du vieux.
Adrìas ouvrit à Ailbe et lui indiqua où ranger son vélo dans l'espace entre sa boutique et son jardin. Puis il monta avec lui jusque dans son appartement, où il passa en premier, brisant toutes les règles de politesse, pour récupérer ses documents dans l'entrée de la cuisine. Il indiqua ensuite à Ailbe de le suivre et fit le tour des pièces.
"Ici, la cuisine avec lave vaisselle, lave linge et sèche linge. Par ici ma chambre et à côté mon bureau. En face la salle de bain principale, enfin, c'est la plus grande. Et de l'autre côté il y a la chambre d'ami où tu vas dormir, avec une petite salle de bain. Et, malheureusement pas juste à côté de la cuisine, un petit salon."
Il avait fait court, ne voulant pas ennuyer Ailbe. De plus, il ne l'avait pas fait entrer dans "son espace", seulement dans les pièces principales et dans la chambre d'ami.
La cuisine n'était pas très moderne, elle était d'ailleurs carrément rustique, mais ce style plaisait à Adrìas. En fait il n'avait pas eu le temps ni l'envie de faire des travaux. Cela en mériterait peut-être. Les placards étaient en bois foncé, tandis que la table qui trônait au milieu de la pièce était en bois clair. Les chaises, de style montagnard, étaient du même bois clair. Seuls les appareils électroménagers étaient flambant neufs, mêlant ainsi le moderne et le vieillot. Le salon suivait le même principe : canapés et télé neufs mais table et cheminée en bois usé. La chambre d'Ailbe quant à elle venait d'être aménagée par les soins d'Adrìas, alors elle était cosy et confortable. Rien à voir avec la sienne, plutôt vide et sombre.
Il ramena Ailbe dans la cuisine, qui était un peu le centre du foyer.
"Je comprendrais que tu veuilles aller dormir, ou simplement te rafraîchir dans la salle de bain. Pour ma part je vais sûrement aller dans le salon. Je peux nous faire un thé ou une tisane si tu veux ?"
Quand enfin la réponse franchit ses lèvres, Adrìas peina à la croire. Il mit un certain temps avant de se reprendre, du brouillard dans la tête. Il ne savait pas à qui il devait cette victoire, à lui-même ou à celui qui avait fait que, ce fameux soir au bar, le poing de l'autre ivrogne ne se retrouve pas dans son nez. Il se leva prudemment, de peur de se réveiller d'un rêve plus réaliste que les autres. Il s'assit derrière Ailbe et s'accrocha à lui. Cela lui rappela leur dernier voyage ainsi, mais cette fois il s'occupait moins du chemin que de la perspective de vivre avec Ailbe. Il réfléchit notamment aux habitudes de vie qu'il allait devoir changer. Premièrement, ne jamais plus laisser le courrier traîner sur la table de la cuisine. Secondement, son emploi du temps, dans la chambre et pas sur le réfrigérateur. Ensuite, la salle de bain : fermée à clef. Toujours. Toujours, toujours, toujours, toujours. Et la chambre aussi, avec ses affaires sous le lit et pas en évidence sur le bureau.
Il prit une grande inspiration avant de descendre du vélo. Il allait devoir ruser pour attraper tous les documents équivoques relatifs à sa prise d'hormones, gentiment disposés sur la table de la cuisine, avant qu'Ailbe ne zyeute dessus. Que faire ? Il chercha ses clés, distrait. D'ailleurs il était tellement distrait qu'il fit le tour de toutes ses poches deux fois avant de se rendre compte qu'il ne les trouvait pas. Il refit encore une fois le tour, attentif cette fois, puis il blêmit : elles n'étaient vraiment pas sur lui. Pourtant il jugerait être parti avec quelques minutes plus tôt à peine ! Il se retourna, la bouche ouverte comme pour dire quelque chose à Ailbe, avant d'apercevoir le vieux d'en face descendre les marches de son perron, à une heure très tardive.
Le vieux lui balança ses clés et s'engouffra à nouveau dans sa maison avant qu'Adrìas n'ait pu décrocher un mot. Il rougit de honte et n'osa lever les yeux vers son hôte. Il ne pouvait même pas lui présenter : il ne connaissait pas le nom du vieux.
Adrìas ouvrit à Ailbe et lui indiqua où ranger son vélo dans l'espace entre sa boutique et son jardin. Puis il monta avec lui jusque dans son appartement, où il passa en premier, brisant toutes les règles de politesse, pour récupérer ses documents dans l'entrée de la cuisine. Il indiqua ensuite à Ailbe de le suivre et fit le tour des pièces.
"Ici, la cuisine avec lave vaisselle, lave linge et sèche linge. Par ici ma chambre et à côté mon bureau. En face la salle de bain principale, enfin, c'est la plus grande. Et de l'autre côté il y a la chambre d'ami où tu vas dormir, avec une petite salle de bain. Et, malheureusement pas juste à côté de la cuisine, un petit salon."
Il avait fait court, ne voulant pas ennuyer Ailbe. De plus, il ne l'avait pas fait entrer dans "son espace", seulement dans les pièces principales et dans la chambre d'ami.
La cuisine n'était pas très moderne, elle était d'ailleurs carrément rustique, mais ce style plaisait à Adrìas. En fait il n'avait pas eu le temps ni l'envie de faire des travaux. Cela en mériterait peut-être. Les placards étaient en bois foncé, tandis que la table qui trônait au milieu de la pièce était en bois clair. Les chaises, de style montagnard, étaient du même bois clair. Seuls les appareils électroménagers étaient flambant neufs, mêlant ainsi le moderne et le vieillot. Le salon suivait le même principe : canapés et télé neufs mais table et cheminée en bois usé. La chambre d'Ailbe quant à elle venait d'être aménagée par les soins d'Adrìas, alors elle était cosy et confortable. Rien à voir avec la sienne, plutôt vide et sombre.
Il ramena Ailbe dans la cuisine, qui était un peu le centre du foyer.
"Je comprendrais que tu veuilles aller dormir, ou simplement te rafraîchir dans la salle de bain. Pour ma part je vais sûrement aller dans le salon. Je peux nous faire un thé ou une tisane si tu veux ?"