La France. Jamais Ai n'aurait ne serait-ce que songé y venir. Il aimait l'Irlande, elle était son cœur et son âme. Elle portait ses souvenirs et ceux de son père. Ceux pour lesquels il s'était sacrifié. Pourtant il était là. Les aléas de la vie avaient toujours été ce qu'ils étaient. Rien de dramatique, encore. Ce n'était qu'un changement, et la vie en était pleine. Elle était faite de ceux-ci. Ils étaient bons, en quelque sorte. Comme une eau stagnante croupissait, l'homme était. L'Homme était, même. Quoiqu'il était à peu près certain de son propre genre. Il le croisait suffisamment souvent dans la journée, au vu des litres d'eau qu'il ingurgitait. Mais ce n'était pas exactement la question...
Ainsi donc, il s'était retrouvé dans ce pays inconnu. Il avait gagné une forêt, immense et magnifique, mais il avait perdu son lac de montagne. C'était certainement ce qui, au fond, l'attristait le plus. Il ressentait le mal de cet endroit, plus que de son pays, ou de sa maison. Le quartier avait existé avant lui, et continuerait. Quelqu'un s'occupait de son père, et le matériel n'était que cela, en définitive. Il y avait beaucoup réfléchi. Il avait projeté, paraissait-il. Ses souvenirs, sur cet endroit. Comme s'ils n'avaient pu exister que là. Alors qu'ils étaient partout. Et surtout en lui, dans cet espace de sérénité qu'il ne parvenait à atteindre que lorsqu'il bloquait son ouïe. Ou le peu qu'il en restait au moins.
Et là encore, ce n'était pas vraiment le sujet. En réalité, Ai n'avait rien contre la France. Contre les Français c'était encore une autre problématique. Même pour les emplois les plus subalternes, ils semblaient à cheval sur les diplômes. Ils étaient mal tombés avec lui. Pourtant, il avait fini par réussir à en accumuler juste assez pour payer un logement. Rien à voir avec ce qu'il avait laissé chez lui, pourtant. Peu importait. Être en ville l'oppressait. Mais comme chaque soir depuis qu'il avait décroché cet emploi, il avait quitté le musée et avait prit son vélo jusqu'à un bar, se garant dans une allée, et rentrant par la porte de service, avant d'enfiler son uniforme, un pantalon noir qu'ils avaient eu du mal à trouver à sa taille, et un t-shirt à l'effigie de l'endroit, avec des bottines de type rangers. Il était aussi forcé d'attaché ses cheveux en queue de cheval. Mais rien n'était grave. Le pire... Le pire était la musique. Pas vraiment en sourdine, et retentissant du côté gauche, l'assourdissant presque totalement, cette fois.
Pourtant il ne détestait pas cet endroit. Lors de certaines soirées thématiques, la musique était moins forte, et l'ambiance se faisait plus feutrée, propice à la discussion. Comme ce jour-là. Le groupe aurait été agréable à écouter s'il avait pu le faire confortablement, et les clients calmes. Il n'avait presque pas mal au dos de devoir se pencher pour les écouter du haut de son mètre quatre-vingt dix passé, et servait sans discontinuer, ou presque, souriant paisiblement. Il aimait les aider, parfois juste en prêtant une oreille attentive (et une seule), même sans donner de conseil. C'était... apaisant, d'une façon. De créer à nouveau ce microcosme d'entraide dans lequel il nageait en Irlande. Ramener la maison ici. Une idée nouvelle, mais séduisante...
Ainsi donc, il s'était retrouvé dans ce pays inconnu. Il avait gagné une forêt, immense et magnifique, mais il avait perdu son lac de montagne. C'était certainement ce qui, au fond, l'attristait le plus. Il ressentait le mal de cet endroit, plus que de son pays, ou de sa maison. Le quartier avait existé avant lui, et continuerait. Quelqu'un s'occupait de son père, et le matériel n'était que cela, en définitive. Il y avait beaucoup réfléchi. Il avait projeté, paraissait-il. Ses souvenirs, sur cet endroit. Comme s'ils n'avaient pu exister que là. Alors qu'ils étaient partout. Et surtout en lui, dans cet espace de sérénité qu'il ne parvenait à atteindre que lorsqu'il bloquait son ouïe. Ou le peu qu'il en restait au moins.
Et là encore, ce n'était pas vraiment le sujet. En réalité, Ai n'avait rien contre la France. Contre les Français c'était encore une autre problématique. Même pour les emplois les plus subalternes, ils semblaient à cheval sur les diplômes. Ils étaient mal tombés avec lui. Pourtant, il avait fini par réussir à en accumuler juste assez pour payer un logement. Rien à voir avec ce qu'il avait laissé chez lui, pourtant. Peu importait. Être en ville l'oppressait. Mais comme chaque soir depuis qu'il avait décroché cet emploi, il avait quitté le musée et avait prit son vélo jusqu'à un bar, se garant dans une allée, et rentrant par la porte de service, avant d'enfiler son uniforme, un pantalon noir qu'ils avaient eu du mal à trouver à sa taille, et un t-shirt à l'effigie de l'endroit, avec des bottines de type rangers. Il était aussi forcé d'attaché ses cheveux en queue de cheval. Mais rien n'était grave. Le pire... Le pire était la musique. Pas vraiment en sourdine, et retentissant du côté gauche, l'assourdissant presque totalement, cette fois.
Pourtant il ne détestait pas cet endroit. Lors de certaines soirées thématiques, la musique était moins forte, et l'ambiance se faisait plus feutrée, propice à la discussion. Comme ce jour-là. Le groupe aurait été agréable à écouter s'il avait pu le faire confortablement, et les clients calmes. Il n'avait presque pas mal au dos de devoir se pencher pour les écouter du haut de son mètre quatre-vingt dix passé, et servait sans discontinuer, ou presque, souriant paisiblement. Il aimait les aider, parfois juste en prêtant une oreille attentive (et une seule), même sans donner de conseil. C'était... apaisant, d'une façon. De créer à nouveau ce microcosme d'entraide dans lequel il nageait en Irlande. Ramener la maison ici. Une idée nouvelle, mais séduisante...